Le RCLALQ réclame un contrôle accru des loyers au Québec
Des centaines de personnes ont manifesté simultanément dans plusieurs villes québécoises, samedi, afin de réclamer de Québec un «véritable contrôle des loyers». Rassemblés à l’invitation du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), les manifestants souhaitent voir Québec mettre en place un gel immédiat des loyers partout en province et la mise en place d’un registre des baux.
Dans le cadre de la neuvième journée annuelle des locataires, des démonstrations se déroulaient à Québec, Sainte-Hyacinthe Joliette et Montréal, en après-midi. À Montréal, ils étaient plusieurs centaines à s’être groupés tout près de la station de métro Parc, à l’angle des rues Jean-Talon Ouest et Hutchison. Ils ont par la suite marché dans les rues du quartier Parc-Extension.
La flambée de l’immobilier des derniers mois causerait d’importantes conséquences sur les ménages locataires. Le RCLALQ affirme que des propriétaires souhaitant expulser leurs locataires afin d’augmenter abusivement les loyers se rendraient coupables d’harcèlement et d’intimidation, de résiliations de bail en échange d’un montant d’argent, d’expulsions illégales ou de menaces.
Regroupant 55 comités logements et organismes communautaires à travers la province, le RCLALQ clame que les ressources n’ont jamais été autant sollicitées que cette année par des demandes d’aide de locataires.
«Le problème est extrêmement grave. On voit des locataires désespérés qui n’arrivent pas à trouver de logement et qui sont discriminés. Il n’y en a pas de logements abordables en ce moment. Si rien n’est fait, ça va faire très mal aux locataires. Les gens vont être poussés en dehors des villes, des quartiers où ils ont grandi. Ils vont devoir se loger dans des logements insalubres ou trop petits», – Maxime Roy-Allard, porte-parole du RCLALQ.
«Inefficacité»
Le prix moyen des loyers a augmenté de 6% au Québec en 2020 selon un rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) publié en début d’année. Le RCLALQ dénonce l’inefficacité perçue des mécanismes actuels prévus dans la loi pour encadrer les hausses de loyer.
«C’est sur les épaules des locataires que repose essentiellement le fardeau du refus. Soit par méconnaissance de leurs droits ou par peur de représailles, trop peu de locataires s’opposent à une hausse de loyer. En l’absence d’un registre des loyers, il est très difficile de contester une hausse abusive imposée lors d’un changement de locataires», explique le regroupement dans un communiqué publié samedi.
Le RCLALQ clame avoir obtenu, au cours des dernières semaines, l’appui de 500 organisations communautaires, syndicales et étudiantes pour ce qui est de ses revendications.
Le regroupement milite également en faveur de l’utilisation obligatoire des taux moyens de variation de loyer publiés annuellement par le Tribunal administratif du logement. L’organisme dénonce par ailleurs l’attitude du gouvernement caquiste qui de son côté, nie l’existence d’une crise du logement.
CAQ
La ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest est «très sensible à la situation que peuvent vivre les locataires», apprend-t-on dans une déclaration envoyée par son cabinet, samedi.
«Aujourd’hui, on fait face à l’inaction des gouvernements précédents. Nous savons que les besoins sont grands, il faut augmenter l’offre de logements et nous sommes en action. C’est plus de 6000 logements abordables que nous avons construit jusqu’à maintenant, depuis que nous sommes là, ou qui sont en chantier. Ce sont également près de 7000 logements en cours de construction ou en voie de l’être», explique-t-on dans le courriel envoyé à Métro.
On y affirme également qu’un registre des loyers entraînerait des coûts importants. En 2011, ceux-ci auraient été évalués par Revenu Québec à 5,7 M$ pour la mise en place et 1 M$ annuellement par la suite.
«Des provinces l’ont essayé et l’ont abandonné pour des raisons d’efficacité et de coûts. Notre gouvernement a amélioré la divulgation des loyers précédents grâce à la section G du bail. Nous sommes aussi la seule province disposant d’un mécanisme pour éviter les hausses abusives. Cette année l’indice de fixation indique qu’une hausse ne peut être de plus de 0,5%», ajoute-t-on dans la déclaration.
La porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé était présente à la manifestation pour un contrôle accru des loyers tenue à Montréal, samedi. Elle affirme que Québec solidaire demande depuis plusieurs années la mise en oeuvre d’un registre des loyers.
«C’est facilement réalisable. Ça prend juste de la volonté politique, mais il faut surtout reconnaître qu’il y a un problème et de reconnaître que le droit au logement est bafoué actuellement au Québec, souligne-t-elle. La CAQ ne fait rien. Elle ne reconnaît même pas qu’il y a une crise du logement.»
Un moratoire sur les évictions en raisons de rénovations pour la durée de la pandémie serait nécessaire selon Mme Massé.