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Une avancée québécoise pour réduire la pollution des microplastiques

Une fille boit de l'eau polluée aux microplastiques.
Photo: Alexey Zatevahin/123rf.com

L’Institut national de recherche scientifique (INRS) a développé une nouvelle méthode qui permettrait d’éliminer à la source une bonne partie de la pollution provenant des microplastiques, qui détériorent les eaux de la planète.

Le procédé de traitement, qui dégrade les particules par oxydation électrolytique, a permis d’éliminer 89% des microplastiques dans des eaux artificiellement contaminées en laboratoire.

Il s’agit d’une avancée scientifique importante, car il n’existe actuellement aucune autre façon de contrer ce contaminant dans le traitement des eaux usées, selon l’INRS. L’étude de l’institut québécois a été publiée vendredi dans la revue scientifique internationale Environmental Pollution.

L’équipe de recherche prévoit sous peu tester l’efficacité de la nouvelle méthode sur des eaux réelles.

Les microplastiques sont des particules dont la taille est inférieure à 5 mm. Une étude datant 2014 avait démontré qu’ils représentent environ 13% du poids global des matières plastiques qui se retrouvent dans les océans.

Une industrie ciblée

Les microplastiques proviennent entre autres de nos vêtements, sous la forme de microfibres. C’est à cette source que veut d’abord s’attaquer le professeur Patrick Drogui, qui a dirigé l’étude de l’INRS.

Ce dernier souhaite que la nouvelle technologie soit utilisée dans les buanderies commerciales, qu’il croit être une cause potentielle de pollution aquatique par les microplastiques.

«Lorsque les eaux des buanderies commerciales arrivent à la station d’épuration des eaux usées, elles sont mélangées à de grandes quantités d’eau, ce qui dilue les polluants et les rend plus difficiles à dégrader, a-t-il expliqué par voie de communiqué. À l’inverse, en agissant à la source, soit à la buanderie, la concentration de microplastiques est plus élevée par litre d’eau, et donc plus accessible pour la dégradation par voie électrolytique.»

L’équipe de M. Drogui espère pouvoir implanter sa méthode dans une buanderie «d’ici quelques années». Elle souhaite également tester son efficacité dans d’autres industries identifiées comme des sources d’eaux polluées, comme l’agroalimentaire.

Un nouveau problème majeur

En 2019, l’Organisation mondiale de la santé avait déclaré que les microplastiques ne posaient pas encore de danger pour la santé.

Mais pour le président de la Fondation Rivières, Alain Saladzius, l’enjeu n’est pas à prendre à la légère. Il ne fait aucun doute selon lui qu’il aura un impact majeur sur l’environnement.

«On en est au début des recherches et de la connaissance, souligne-t-il. Les microplastiques sont une nouvelle forme de polluants et ses effets peuvent apparaître dans une ou deux décennies. Rendu là, il sera peut-être trop tard [pour intervenir].»

Ainsi, M. Saladzius, également ingénieur civil en gestion des eaux, voit d’un bon oeil l’avancée de l’INRS en la matière.

«C’est un enjeu important qu’il n’y ait pas de produit [chimique] secondaire qui soit dégagé avec le procédé, souligne-t-il. L’idée de travailler à la source, c’est la bonne approche parce qu’on traite moins d’eau». -Alain Saladzius, président de la Fondation Rivières

À Greenpeace Canada, la nouvelle reçoit un accueil plus mitigé. La porte-parole de l’organisation en matière d’océans et plastiques, Loujain Kurdi, trouve la découverte «bonne» en soi. Elle craint néanmoins que ce type de solution crée une perception qu’il ne faudrait pas changer nos habitudes pour lutter contre les microplastiques.

«C’est très grave à partir du moment où l’on fait croire aux gens qu’on peut reconstruire en mieux en créant une stratégie qui repose strictement sur le recyclage parce que ça ne permet pas d’éradiquer l’existence des microplastiques», soutient-elle.

«Tant que l’on continuera à prôner le recyclable au lieu du réutilisable, on sera encore dans le jetable, et qui dit jetable dit encore plus de microplastiques», ajoute-t-elle.

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