Pour faire sa «juste part» dans la lutte aux changements climatiques, Québec devrait faire environ 5 fois mieux que les cibles qu’il s’est fixées. C’est du moins ce qu’établit un rapport publié mercredi par le Climate Equity Reference Project.
Ce document a été préparé pour le compte du Réseau action climat Canada. Son auteur, Christian Holz, n’avait jamais fait l’exercice dans une province auparavant.
Le rapport, intitulé «La juste part du Québec dans la lutte contre les changements climatiques», calcule qu’en 2030, la province devrait avoir réduit ses émissions de gaz à effets (GES) de serre d’environ 153 mégatonnes en équivalent CO2 par rapport à 1990.
Cela représente une réduction des émissions de 178%. Actuellement, l’objectif provincial s’établit à 37,5%.
En présentant son Plan pour une économie verte, l’automne dernier, le gouvernement de François Legault avait identifié moins de la moitié des mesures qui lui permettront d’atteindre ses cibles dans dix ans.
«Quand on voit le plan de Québec, on peut en conclure que l’effort climatique du Québec est très loin de sa juste part», résume en entrevue avec Métro l’analyste des politiques au Réseau action climat, Caroline Brouillette.
Équité
Le rapport de Christian Holz repose sur le concept de l’équité climatique. «Il sera demandé aux pays de se conformer à des exigences différentes en fonction de leur part ou contribution historique au problème, et de leur capacité relative à porter le fardeau du changement», explique-t-il dans son document d’une cinquantaine de pages.
La Belle province n’étant pas étrangère au réchauffement climatique, il lui importe d’assumer une plus grande part de l’effort mondial, souligne M. Holz.
«Le Québec a contribué de manière importante à la production de GES depuis largement plus d’un siècle et se place, ce qui n’est pas sans rapport, parmi les économies les plus riches du monde.» – Extrait du rapport
Porter soutien ailleurs
En calculant les émissions attendues du Québec, M. Holz s’est buté à un mur: même si elle réduisait ses émissions à zéro en 2030, la province se situerait bien loin derrière sa juste part. Le chercheur propose au gouvernement du Québec de soutenir des pays moins riches et incapables de couper dans leurs émissions.
«Il est approprié que des entités riches, comme le Québec, participent à la collaboration et au soutien à l’échelle internationale pour la mise en œuvre de l’atténuation, par exemple sous forme de financement, de renforcement de la capacité ou du transfert de technologies», peut-on lire dans le rapport.
Selon les dernières données gouvernementales, le Québec avait réduit sa production de GES de 6% par rapport à 1990. C’est 30 fois moins que la juste part calculée par Christian Holz.
Appelé à réagir aux conclusions du rapport, mercredi, le cabinet du ministre de l’Environnement a souligné qu’il en faisait déjà beaucoup pour l’environnement.
«La cible du Québec pour 2030 est l’une des plus exigeantes d’Amérique du Nord, de par l’importance de la réduction des émissions de GES qu’elle demande», a-t-on indiqué dans un échange de courriels.