Le Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS) n’utilise pas l’analyse des eaux usées pour détecter la COVID-19. Du moins, à l’heure actuelle. Car si la stratégie ne figure pas au programme du jour, Québec assure garder un œil sur les études en cours.
Des chercheurs ont tout récemment développé un genre de modèle mathématique épidémique qui permettrait de prédire les futurs pics de COVID-19 grâce à l’analyse des eaux usées. Et ce, cinq jours avant que grimpent les taux d’admission dans les hôpitaux.
Définir l’état des épidémies de coronavirus est crucial, disent les chercheurs. Notamment pour la prise de décisions en matière de santé publique.
D’autant que le contexte est marqué par l’absence d’échantillons de test viraux représentatifs et répétés dans la population, ajoutent-ils.
Et au Québec?
Au Québec, le MSSS n’utilise pas l’analyse des eaux usées pour détecter la COVID-19 à l’heure actuelle.
«Bien que plusieurs options sont analysées par nos équipes pour dépister le virus, le dépistage via les eaux usées ne fait pas partie de celles-ci, pour l’instant.» -Ministère de la Santé
Cela dit, des analyses et des revues de la littérature par les experts de l’INSPQ sont effectuées «en continu», indique à Métro le MSSS, qui garde un œil constant sur ce qui est fait partout dans le monde pour contrer la COVID-19, nous assure-t-on.
«Si cette approche nouvelle venait à démontrer des résultats intéressants, les équipes d’experts du Québec pourraient décider d’analyser cette méthode.»
Plusieurs projets de recherche et de surveillance pilotés par des chercheurs existent d’ailleurs au pays, selon le MSSS. L’Agence de santé publique du Canada possède même un programme de surveillance basée sur cette approche, semble-t-il.
«Le Québec demeure en attente des résultats des études canadiennes en cours», indique le MSSS.
De nouvelles données déductibles
Dans leur étude publiée en octobre dans la revue Health Care Management Science, les chercheurs indiquent que les concentrations de SRAS-CoV-2 détectées dans les eaux usées augmentent et diminuent, adoptant la forme d’une courbe épidémique. Celle-ci fournirait, selon eux, «un signal d’infection plus précoce que les données sur les admissions à l’hôpital.»
Leur analyse a tenu compte de plusieurs variables. Par exemple, du décalage entre l’infection et l’hospitalisation, ou encore de la concentration virale dans les eaux usées.
«Les chercheurs se sont appuyés sur des indicateurs d’infection décalés pour émettre des inférences [des raisonnements logiques] sur la direction de l’épidémie et les décisions politiques qui en découlent», peut-on ainsi lire dans l’étude.
En analysant les eaux usées d’une population donnée, les chercheurs ont également pu déterminer un certain nombre d’autres données, dont le pourcentage de personnes protégées par les mesures de restrictions de leurs déplacements.