Ottawa a annoncé vendredi la création d’un nouveau programme qui permettra aux entreprises d’avoir accès plus facilement à une aide au loyer commercial.
Dans les derniers mois, l’Aide d’urgence du Canada pour le loyer commercial (AUCLC), qui a pris fin en septembre, a récolté plusieurs critiques. Plusieurs petites entreprises ont notamment déploré de ne pas y avoir eu droit parce que le propriétaire de leur établissement commercial avait refusé de s’inscrire à ce programme d’aide financière. Celui-ci permettait un remboursement de 50% du loyer par Ottawa, à condition que la moitié restante soit assumée à part égale par le propriétaire et le locataire.
La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) avait ainsi déploré que plusieurs propriétaires refusaient de faire appel à ce programme afin d’éviter une baisse des loyers reçus de 25%.
Directement aux entreprises
Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a toutefois annoncé vendredi la création de la subvention d’urgence du Canada pour le loyer commercial, qui sera valide jusqu’en juin 2021. Celle-ci, qui remplacera l’ancien programme, offrira une aide financière directement aux entreprises, «pas aux propriétaires», a précisé M. Trudeau.
«Même si plusieurs commerces ont rouvert, la plupart ne sont pas à pleine capacité, alors que plusieurs autres affrontent l’incertitude d’une deuxième vague. Notre but est de supporter les employeurs canadiens et d’aider les commerçants à passer au travers de la pandémie», a-t-il dit.
Cette subvention pourra atteindre jusqu’à 65% des dépenses admissibles pour les entreprises affectées par la crise sanitaire. Ottawa pourra aussi verser une aide complémentaire de 25% aux entreprises forcées de fermer leurs portes temporairement en raison d’éclosions ou de mesures de confinement ordonnées par la Santé publique. Un coup de pouce qui pourra ainsi bénéficier, notamment, aux restaurants et aux bars des régions en zone rouge au Québec.
«Nous savons que la deuxième vague sera encore plus difficile pour les commerces qui seront touchés. Notre réponse se doit d’être ciblée et efficace.» -Justin Trudeau, premier ministre du Canada
Accès élargi
L’ancien programme d’aide au loyer ne s’adressait qu’aux entreprises ayant essuyé des pertes de revenus de 70% ou plus, ce qui limitait son accès aux commerces les plus ébranlés par la pandémie. Cette fois, Ottawa offrira une aide financière modulable en fonction de la situation des commerces. Ceux qui écopent le plus de la crise sanitaire recevront donc les montants les plus élevés, sans toutefois empêcher les entreprises qui subissent des pertes financières plus modestes de recevoir elles aussi une subvention, bien que d’une moins grande ampleur.
«Ça va permettre à plus d’entreprises d’avoir accès à une aide financière», salue le vice-président des affaires nationales à la FCEI, Jasmin Guénette. Une mesure importante alors que la situation est en voie de «redevenir critique» pour les entreprises du pays, appréhende-t-il.
Par ailleurs, Ottawa prolongera la subvention salariale offerte jusqu’en juin 2021, a annoncé le premier ministre. Celle-ci devait initialement prendre fin en décembre.
M. Trudeau a d’autre part annoncé une aide supplémentaire de 100 M$ pour épauler les banques alimentaires à travers le pays.
Le Canada «à la croisée des chemins»
La Santé publique du Canada a dressé vendredi un portrait sombre de la situation de la crise du coronavirus au pays, qui a infecté jusqu’à maintenant plus 175 550 personnes et causé plus de 9550 décès.
Actuellement, pour chaque nouveau cas positif, plus de 100 contacts sont à retracer par les autorités sanitaires.
À ce rythme, le nombre de cas de coronavirus pourrait grimper jusqu’à 197 830 d’ici au 17 octobre. Le nombre de décès pourrait quant à lui atteindre 9800, selon des projections présentées vendredi.
«Cette accélération de la transmission épidémiologique est inquiétante. Et des actions individuelles des Canadiens sont nécessaires maintenant pour renverser cette courbe», a soulevé l’administrateur en chef adjoint de la santé publique du Canada, le Dr Howard Njoo. La transmission communautaire est particulièrement importante au Québec, en Ontario et en Alberta.
«Nous sommes à la croisée des chemins dans la lutte contre la pandémie», a-t-il ajouté, pressant les Canadiens de limiter leurs contacts avec les autres au minimum.
Par ailleurs, bien que les jeunes adultes continuent d’être le principal vecteur de transmission du coronavirus, «nous constatons maintenant une croissance inquiétante des cas chez les personnes de 80 ans et plus, qui sont les plus à risque des conséquences graves et des décès», souligne le Dr Howard Njoo. Ce dernier a aussi fait état d’une croissance du nombre d’éclosions dans les centres de soins de longue durée, où la COVID-19 a fait des ravages au printemps, notamment au Québec.
«Nous devons faire tout en notre possible pour limiter le nombre d’éclosions dans ces milieux», a-t-il renchéri.