«Last call». Les bars ne pourront plus vendre d’alcool passé minuit et devront évacuer leur clientèle à 1h du matin. C’est ce qu’a confirmé le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, jeudi à Montréal.
«La plus grande cause de risque [pour la santé publique], c’est les bars», a souligné l’élu après avoir lancé un avertissement aux propriétaires de bars en début de semaine.
Québec y va de trois annonces coercitives. En plus des heures réduites, la danse demeure «interdite», et chaque établissement devra limiter sa capacité à 50%. À noter également que l’interdiction d’alcool à minuit ne s’appliquera pas aux restaurants.
Toutes ces mesures seront mises en place dès vendredi. «Je sais que ça ne fait pas l’affaire des propriétaires, mais c’est un compromis. L’autre alternative, ç’aurait été de refermer tous les bars», a signalé M. Dubé.
La mise en place d’un registre, rapportée dans plusieurs médias, se fera volontairement pour le moment. Celui-ci a pour objectif de noter les informations des clients pour plus facilement les retracer si une éclosion survient.
Ces annonces surviennent après des éclosions importantes en Montérégie, qui sont notamment survenues en raison de rassemblements dans des bars.
«Les clients infectés sont allés travailler dans leurs lieux de travail, qui ont dû fermer», a déploré M. Dubé.
Les décisions surviennent alors que Québec enregistre pour la première fois en six jours plus de cent cas de COVID-19 en 24h. Une situation qui «inquiète» le ministre de la Santé.
Des bars furieux
Pour plusieurs propriétaires, l’annonce de Québec représente une autre tuile qui s’abat sur leur tête. Si bien que selon la Corporation des propriétaires de bars, brasseries et tavernes du Québec (CPBBT), elle va «entraîner des centaines de propriétaires à la faillite».
«Ce gouvernement nous a menti depuis le tout début de la crise en nous promettant de respecter notre industrie tout en nous promettant de nous aider financièrement», a écrit dans un communiqué le président-directeur général de l’organisme, Renaud Poulin.
D’après Maxime Lemire, gérant du bar dansant La Rockette, sur le Plateau-Mont-Royal, bon nombre d’établissements font leurs profits après minuit.
«L’été, les gens arrivent à minuit au bar. Des fois, à 00h00, il y a quinze personnes et à 00h45, on est à pleine capacité», souligne celui qui reconsidère désormais la réouverture du bar pour la saison estivale.
Interrogé sur la potentielle mise en place d’aides financières directes, le ministre Christian Dubé a balayé l’idée du revers de la main. «La meilleure aide financière c’est de leur permettre d’ouvrir. Je pense qu’on rend service aux opérateurs», a-t-il lancé.
Sur le port du masque
Des informations sur le port du masque obligatoire dans tous les lieux publics ont fuité dans certains médias, jeudi. Mais le ministre Dubé soutient qu’il préfère attendre avant de faire une annonce.
«On va vous revenir rapidement avec une décision», a-t-il évoqué.
Le gouvernement de François Legault n’a pour l’instant obligé le couvre-visage que dans les transports en commun. Le règlement doit s’appliquer à partir de lundi.
Le directeur national de santé publique, Horacio Arruda, «penche» également vers l’imposition.
En début de semaine, la Ville de Montréal avait indiqué son désir d’obliger le masque dans l’espace public. En lui emboîtant le pas, Québec permettrait à la Ville d’aller plus vite. Elle n’aurait en effet pas besoin d’adopter un règlement pour mettre en place l’imposition.