Les écoles du Québec rouvriront en septembre, confirme Roberge
Parce que la scolarisation des jeunes «doit reprendre», tous les établissements préscolaires et primaires, ainsi que les écoles secondaires – seulement pour le premier cycle – du Québec rouvriront leurs portes en septembre, a confirmé mardi le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge. Il promet toutefois que des «protocoles d’urgence» seront mis sur pied, pour préparer une potentielle deuxième vague.
«On constate que les élèves sont pas mal plus matures que bien des adultes. Ils sont très capables d’appliquer des mesures de distanciation. Et les écoles sont capables de se réinventer», a martelé l’élu caquiste, lors d’une mêlée de presse tenue à Montréal en matinée.
Jusqu’en secondaire 3, les classes pourront donc fonctionner selon des «ratios réguliers». Seule exception: les enseignants devront diviser les jeunes en «sous-groupes» de six élèves maximum. Aucune distanciation ne sera demandée dans ces «bulles». Mais un mètre devra être respecté entre chacune d’entre elle, pour limiter les contacts. Dans les bus scolaires, un mètre devra aussi être imposé entre chaque étudiant.
«Le sous-groupe, c’est un peu comme nos frères et sœurs. Et la classe, c’est comme notre famille élargie. On reste dans notre local, mais en équipes.» -Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation
Des nuances pour le reste
Pour les élèves de quatrième et cinquième secondaires, des «nuances» s’appliqueront. Québec prévoit un mode d’enseignement «hybride, parfois en classe et parfois à la maison». Au minimum, un jour sur deux devra être passé en classe. Le reste pourra être fait via la formation en ligne. «Il ne fallait pas appliquer la même règle, mur-à-mur. Ça se peut que dans certaines écoles, il n’y ait pas assez de personnel, ou de locaux», avoue le ministre.
À l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES) la présidente Hélène Bourdages confirme avoir reçu la règle du «50-50» pour toutes les commissions scolaires de la métropole. «C’est sûr que c’est un défi. Il faut réorganiser les options, revoir les tâches des profs. On va peut-être devoir forcer la deuxième ou troisième option pour certains élèves» assure-t-elle.
«On veut que les élèves soient dans la même classe le plus longtemps possible. Pour faire ça, il faut limiter le nombre d’options.» -Hélène Bourdages, présidente de l’AMDES
Encore des inquiétudes
La présidente de l’Alliance des professeur(e)s de Montréal (APPM), Catherine Beauvais-St-Pierre, est pour sa part plus sceptique. «La rentrée sera difficile. L’annonce du ministre avait pour but de rassurer la population. Mais on s’attend à recevoir des consignes claires de la part du ministre. Les profs veulent être informés. Nous avons hâte de constater de la faisabilité, ou non, des mesures qui nous sont proposées», observe-t-elle.
Même son de cloche pour la présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Sonia Éthier. «Au-delà du plan théorique du ministre, il y a le terrain où les nombreux besoins attendent toujours des réponses concrètes. Bien avant la pandémie, le manque de ressources dans les établissements était criant, particulièrement pour les élèves et les étudiants en situation de vulnérabilité», rappelle-t-elle.
Dans les cégeps, les universités et les centres de formation professionnelle, la distance minimale sera de 1,5 mètre entre les étudiants. Le gouvernement Legault réitère que tous les acteurs seront mobilisés pour «maximiser la fréquentation sur les campus». M. Roberge demande aux directions «de privilégier les étudiants qui en sont à leur première session et les élèves qui ont des besoins particuliers».
Prévoir la deuxième vague
Le ministre Roberge promet que le réseau sera prêt si une deuxième vague survient. «D’ici la mi-septembre, toutes les organisations se seront dotées d’un protocole d’urgence pour basculer vers une fréquentation à temps partiel, voire même une fermeture d’établissement, sans jamais arrêter la scolarisation», assure-t-il.
«On a appris, j’ai appris, et le réseau a appris. On a une plus grande expertise, et une plus grande synergie. Ça me donne cette confiance, avec les protocoles, pour une rentrée réussie», ajoute-t-il. Québec prévoit notamment des mécanismes de distribution de tablettes, d’ordinateurs et de travaux à distance, si la situation devenait nécessaire. Une somme de 150 M$ a déjà été prévue pour racheter de l’équipement.
Mais pour la responsable en matière d’éducation à Québec solidaire, Christine Labrie, il manque encore plusieurs éléments au plan du gouvernement.
«Ce qui me saute au visage, c’est l’absence totale de mesures pour mieux soutenir les élèves. Plusieurs vont revenir de loin. Ils auront passé 6 mois sans faire d’activités scolaires. Je m’attendais à ce qu’on prévoit un ajout important de ressources.» -Christine Labrie, de QS
Elle ajoute qu’il «manquait déjà de professionnels pour répondre aux besoins», et que plusieurs enseignants «réclamaient une diminution du nombre d’élèves par classe». «On va faire face à des besoins décuplés en septembre, mais sans moyens supplémentaires. Ça m’inquiète profondément», conclut-elle.