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Québec traîne les pieds pour réviser sa stratégie en développement durable

Benoit Charette, ministre de l'Environnement

Le ministre de l’Environnement Benoit Charette.

La prochaine stratégie québécoise de développement durable, prévue pour 2021, obtient trop peu d’attention du gouvernement de la Coalition avenir Québec, tonne le Commissaire au développement durable du Québec, Paul Lanoie.

Québec travaille depuis mars à la mise en place de ce plan d’action. Celui-ci s’appliquera de 2021 à 2026. Mais selon M. Lanoie, le temps presse.

Dans son tome de juin, ce «chien de garde» de l’environnement au Québec évoque des retards potentiels à la stratégie. «L’échéancier pour y arriver est à risque de retards, et ce, sans compter les effets possibles de la crise sanitaire actuelle», écrit-il.

Les comités gouvernementaux chargés d’assurer la bonne tenue d’un développement durable au Québec – le Comité directeur du développement durable (CDDD) et le Comité interministériel du développement durable (CIDD) – se sont aussi peu attardé à l’élaboration de ce plan, lance Paul Lanoie.

«De fait, le CDDD est inactif depuis 2014, et sa contribution arrive tardivement», ajoute-t-il. Le CIDD, lui, n’a tenu qu’une rencontre officielle sur la stratégie.

Des retards provenant du ministère?

Aux yeux du Commissaire, le ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques (MEELC) n’est pas inconnu aux retards ressentis. C’est par ailleurs ce même ministère qui préside les activités du CDDD comme du CIDD.

«Il y a une problématique d’engagement des ministères et organismes», constate Paul Lanoie.

Et ce n’est pas nouveau, précise-t-il. «En fait, la situation ne s’est pas améliorée depuis 15 ans», martèle-t-il.

Appel à l’écofiscalité

Par ailleurs, Québec pourrait faire appel beaucoup plus souvent aux mesures écofiscales, signale le Commissaire dans ce dernier rapport.

L’écofiscalité prévoit notamment une taxation plus élevée pour les activités à forte empreinte carbone, mais aussi de l’aide financière pour ceux qui entreprennent des pratiques écoresponsables. La taxe carbone du gouvernement fédéral ou l’idée d’une «taxe kilométrique» en transport peuvent en être des exemples.

«Fixée à 30 dollars par année, la contribution des automobilistes au transport en commun n’a pas été revue depuis 1992», illustre M. Lanoie.

36: En comparaison à une trentaine de pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le Québec est l’un des États qui tirent «le moins de recettes de taxes liées à l’environnement»

Le Commissaire ajoute que la «volonté» des gouvernements d’adopter des mesures écofiscales ne s’est pas traduite en réelles politiques. Si bien que depuis 2015, le Québec n’a mis en place que huit de ces stratégies.

Sauver les eaux de la province

Dernier constat du rapport: malgré une mine d’or bleu, Québec prendrait peu soin de ses réserves d’eau.

«Plus de 20 ans après que le gouvernement se soit engagé à mettre en place une gestion intégrée des ressources en eau (GIRE), [les ministères] n’assurent toujours pas sa mise en oeuvre», indique M. Lanoie.

C’est à nouveau un manque de «coordination» à l’échelle gouvernementale qui ralentirait la lutte contre les «problématiques prioritaires des bassins versants». Les crues printanières ont fortement ébranlé le Québec lors des printemps 2017 et 2019.

La Communauté métropolitaine de Montréal travaille désormais à une nouvelle cartographie des zones inondables.

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