Basketball, vélos, plein-air: une explosion des ventes fait craindre la pénurie
Après les piscines, c’est au tour des ventes de paniers de basketball, des vélos et des produits de plein air d’exploser au Québec, alors que de plus en plus de familles considèrent passer l’été à la maison dans la foulée de la COVID-19. Plusieurs équipements de «fitness» feraient aussi fureur, au point où des détaillants se font littéralement «piller» leurs marchandises chaque jour.
«On était déjà presque en pénurie avant le déconfinement, mais là les inventaires sont vraiment en train de se vider. Il ne nous reste presque rien. Et la demande continue à croître», confie à Métro la porte-parole de Décathlon Canada, Jaylone Lee.
Le géant français, qui a récemment ouvert des boutiques à Montréal et à Québec notamment, affirme que depuis la reprise des activités, les trampolines et les deux-roues font aussi l’objet d’une demande «très soutenue». On s’explique ce fort achalandage par l’adoption d’un nouveau mode de vie «adapté à la pandémie».
«Les gens ne vont pas beaucoup voyager cet été, mais vont plutôt rester tout près de chez eux. Les sports et les loisirs deviennent alors très intéressants.» -Jaylone Lee, de Décathlon Canada
Un défi quotidien
Chez Walmart, le directeur des affaires publiques, Steeve Azoulay, abonde relativement dans le même sens. «Alors que nos clients continuent de rester à la maison, nous constatons des hausses de ventes dans plusieurs catégories», dit-il, dont la «remise en forme», ce qui inclut le basketball et, là, encore, le vélo et l’équipement d’entraînement à domicile.
«Nos équipes réapprovisionnent activement nos magasins pour répondre à la demande accrue de nos clients sur certains produits, bien que cette demande évolue.» -Steeve Azoulay, de Walmart
Même son de cloche pour Canadian Tire, où une préposée interpellée par Métro raconte qu’en ce moment, les stocks de paniers de basketball «sont à zéro partout». «C’est comme si on s’était fait vider tout ce qui avait de prévu pour l’année. Cette pénurie risque de s’étirer jusqu’au printemps», confie-t-elle.
La pression serait si forte qu’elle suggère maintenant aux clients intéressés de réserver leur panier en ligne, idéalement très tôt le matin. «Habituellement, ceux qu’on reçoit et qu’on met en ligne ne passent pas la journée», illustre l’employée.
La «tempête parfaite»
Pour le directeur général du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), Stéphane Drouin, ces pénuries s’expliquent par une «tempête parfaite» qui s’est abattue sur l’industrie dans les derniers mois, bien avant le confinement au Québec. Ce qui a nuit, entre autres, à l’approvisionnement.
«La crise du coronavirus en Chine a forcé la fermeture de plusieurs usines pendant longtemps. Et après, la crise ferroviaire au Canada a bloqué la livraison des stocks. Encore aujourd’hui, il y a des stocks qui manquent, qui sont bloqués quelque part entre Vancouver et Montréal», explique-t-il à Métro.
«Tout ce qui touche le loisir extérieur a littéralement explosé, surtout avec les gyms qui étaient fermés. C’est une situation sans précédents à bien des niveaux.» -Stéphane Drouin, du CQCD
Combinée à l’explosion de la clientèle cible – plusieurs produits de sport «extérieur» ont subi une croissance de la demande entre 300 et 400% – la pénurie est inévitable, selon lui. «On prévoit que l’approvisionnement va être très difficile cet automne également. Il y a déjà des manufacturiers qui avertissent leurs clients que ça va être compliqué pour fournir tous les vêtements d’hiver requis», illustre M. Drouin.
«C’est complètement disproportionné par rapport aux ventes normales, ajoute-t-il. On a des magasins qui coupent dans les services tellement ils sont débordés. Tout le monde s’est équipé pour l’été et ça impacte fortement les commerces.»