Alors que la Chine «est en train de renaître» et de préparer une sortie de crise de la COVID-19, l’ambassadeur du Québec en Chine, Jean-François Lépine, appelle les entreprises québécoises à relancer le dialogue avec l’industrie chinoise le plus rapidement possible. Il affirme que le climat de «méfiance» à l’égard du pays asiatique doit cesser.
«Le gouvernement chinois veut de plus en plus montrer au monde qu’il est un pays d’importations. Il va falloir qu’on soit beaucoup plus actifs dans la représentation de nos entreprises. On doit faire plus de liens entre les opportunités et les capacités du Québec de répondre à ces demandes», a-t-il plaidé mardi, lors d’une conférence virtuelle organisée par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).
M. Lépine estime que nos entreprises ont tout à gagner à «profiter de ce temps d’arrêt» pour revoir leurs stratégies. D’après lui, la Chine investira massivement dans le secteur des nouvelles technologies au cours des prochaines années, avec pour objectif de devenir «une industrie 4.0 de classe mondiale».
«La Chine est dans un mode d’évolution qui correspond à ce qu’on est capable d’offrir. On est champion de la technologie de pointe au Québec.» -Jean-François Lépine, ambassadeur du Québec en Chine
Shanghai et Montréal, «un avantage»
En 2015, les villes de Montréal et de Shanghai célébraient le 30e anniversaire de leur jumelage international. Celui-ci entre autres permis la construction d’un jardin traditionnel chinois au Jardin botanique de Montréal.
Alors que cette métropole de l’est de la Chine deviendra bientôt un «hub scientifique» – le pays l’a mandatée pour le devenir – c’est tout le Québec qui devra profiter de cet avantage, selon l’ambassadeur.
«Ça veut dire qu’il y aura l’organisation de grands événements scientifiques. Bref, une internationalisation des échanges avec le reste du monde. On a des liens privilégiés avec cette ville. C’est à nous d’en profiter pour développer des protocoles de recherche», lance M. Lépine.
D’ailleurs, le Département d’immunologie de l’Université Laval est «déjà en contact» avec l’Institut pasteur de Shanghai pour développer un éventuel vaccin contre la COVID-19, selon lui. «Il y a déjà des choses qui se passent, mais il faut aller plus loin», insiste le représentant.
D’un climat catastrophique vers une transition?
S’il reconnaît que les relations entre le Canada et la Chine ont été «catastrophiques» l’an dernier, Jean-François Lépine envisage de meilleurs jours pour l’avenir.
Il affirme que son équipe «veut soutenir» les entrepreneurs québécois pour élargir leur marché et éventuellement «doubler leurs ventes en Chine». «Appelez-nous, écrivez-nous. Je peux le dire aux entrepreneurs. Il y a un certain adoucissement dans nos relations bilatérales qui fait en sorte qu’une période favorable s’amorce», implore l’ancien journaliste de Radio-Canada.
Selon lui, le gouvernement chinois s’est fait énormément «critiqué de l’intérieur, au même du Parti communiste» vers la fin 2019, pour l’attitude agressive qu’il avait à l’égard du reste du monde, entre autres dans la foulée du dossier d’espionnage soupçonné aux États-Unis du géant Huawei. Ce dernier a d’ailleurs fait don mardi d’un million de masques au Québec.
«Beaucoup de gens ont reproché aux autorités de s’aliéner des grands amis comme le Canada», dit Jean-François Lépine. À ses dires, cette nouvelle page économique que tourne la Chine servira à terme l’économie du Québec. «On sent une volonté de relancer les relations, et de changer la situation pour de bon», conclut-il.