Éclipse médiatique et confinement oblige: la cause climatique a été reléguée au second plan, loin derrière le coronavirus, constatent des militants environnementaux. S’ils comprennent l’urgence de remédier à la pandémie, ils préparent déjà un plan pour ramener l’environnement au sommet des priorités lorsque la crise se sera résorbée.
Depuis que s’est enclenchée la pandémie, plus de 85% des nouvelles médiatiques touchent la COVID-19, observe Influence Communication, qui évalue systématiquement les sujets de l’heure au Québec. Du «jamais-vu», avance le président de l’entreprise, Jean-François Dumas.
L’environnement qui occupe «habituellement 3% à 5%» du paysage, a d’autant plus perdu de sa portée depuis l’arrivée de la crise sanitaire, soutient M. Dumas.
Selon le professeur Patrick White, qui enseigne à l’École des médias de l’UQAM, la crise du coronavirus doit être traitée de façon prioritaire en ce moment. «Les médias font un travail d’explication, de pédagogie. Il y a une notion de services publics. Après la crise, est-ce qu’on va revenir à une normalité? C’est un point d’interrogation», lance-t-il.
Manifestations tuées dans l’oeuf
À pareille date l’an dernier, le Canada célébrait le Jour de la Terre. Quelques jours plus tôt, plusieurs milliers d’étudiants avaient pris la rue pour demander une transition environnementale assurée par les gouvernements.
Le 27 septembre 2019, une manifestation pour le climat à Montréal avait attiré 500 000 personnes selon les organisateurs.
Cette année, les drames du coronavirus ont coupé court à un printemps annoncé de mobilisation. «On doit laisser la place à la priorité, convient le président du Jour de la Terre Canada, Pierre Lussier. Mais le mouvement écologiste est très fort encore.»
Selon François Geoffroy, le porte-parole du mouvement La Planète s’invite au parlement, qui a organisé la marche du 27 septembre, le militantisme environnemental ne fait que se «transformer».
«Les militants réfléchissent à leur stratégie, mais on n’est pas dans une perspective de rapport de force», admet-il.
La porte-parole pour le secondaire de la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES) Ève Grenier-Houde a constaté un «impact différent» depuis que le coronavirus se répand. Mais la mobilisation se poursuit, selon elle.
«On s’est tournés vers l’éducation populaire sur les enjeux environnementaux. On utilise nos plateformes sur les médias sociaux», observe-t-elle.
«Question qu’on ressorte de cette crise plus motivés à utiliser des moyens de pression.» – Ève Grenier-Houde
Dans tous les cas, estime Pierre Lussier, «le mouvement est loin d’un essoufflement».
Jour de la Terre «virtuel»
Le traditionnel Jour de la Terre se fera en version «virtuelle» cette année. Voici la liste des événements prévus mercredi, pour le 50e anniversaire de l’événement:
- 8h: les organisateurs du Jour de la Terre procèdent habituellement à la plantation d’arbres à travers le pays le 22 avril. Cette année, et jusqu’au prochain Jour de la Terre, le 22 de chaque mois verra plusieurs villes procéder à des plantations protocolaires «en respectant les mesures de distanciation sociale». Laval, Moncton et New Glasgow inaugure le tout mercredi.
- Dans la journée: plusieurs «personnalités» rendront disponible des vidéos faisant état des efforts qu’elles prennent pour sauvegarder l’environnement.
- 17h: Pierre Lussier s’entretiendra avec l’écologiste et ministre fédéral Steven Guilbeault ainsi que la mairesse de Montréal, Valérie Plante, dans une formule «table-ronde».
- 17h30: Quelques artistes proposeront des performances spéciales pour le Jour de la Terre. Le groupe de musique Zen Bamboo, qui vient de sortir son premier album, sera de la partie.