Les préposés à domicile des entreprises d’économie sociale d’aide à domicile (EÉSAD) lancent un vibrant cri du cœur pour obtenir plus de reconnaissance. Ils disent trouver «inconcevable» que la bonification de salaire annoncée hier par le gouvernement Legault pour les employés en résidences privées de personnes âgées n’inclut toujours pas leurs 8700 membres.
«On est très surpris et on ne comprend pas. Nos membres font pourtant exactement le même travail que les employés des résidences, à l’exception qu’ils le font dans les domiciles des clients qu’ils desservent», explique à Métro Judy Bambach, la directrice générale du centre Répit-Ressource, situé dans l’Est de Montréal.
Le plus triste dans le contexte, dit la porte-parole, est que ce manque de soutien «risque de démobiliser plein de gens dévoués».
«Bonifier certains salaires et en négliger d’autres, ça ne se fait pas. En ce moment, si un aîné est traité en résidence et l’autre à domicile, le premier va avoir accès à plus de moyens. Ça n’a pas d’allure», considère-t-elle également.
«Nos préposés gagneraient probablement plus en restant à la maison et en touchant l’aide fédérale qu’en mettant leur propre santé à risque. Ils le font par dévouement, mais ils méritent un coup de pouce.» -Judy Bambach, directrice de Répit-Ressource
Un service «à risque»
Soutenue par tout le Réseau de coopération des EÉSAD au Québec, Mme Bambach déplore que la situation «mette un service essentiel à risque», alors que la crise de la COVID-19 frappe plus que jamais les personnes les plus vulnérables de la société.
«Personne ne devrait avoir à mettre sa santé financière en jeu, et surtout pas nos préposés à domicile dévoués. On est en train de créer une iniquité flagrante. Peu importe où le service est donné, un préposé ne devrait pas gagner moins qu’un autre. Surtout quand il fait exactement le même travail, en desservant exactement la même clientèle», lance-t-elle.
D’ailleurs, si la présence de ces 8700 préposés à domicile venait à diminuer, plusieurs personnes en santé «se retrouveront malades», s’inquiète Judy Bambach. Cela contribuera à engorger davantage le système de santé, ce qui ne fait «aucun sens» actuellement, dénonce-t-elle. Une centaine d’EÉSAD existent sur le territoire québécois, et elles sont toutes des OBNL. La clientèle desservie par ces organismes atteint environ 100 000 personnes à l’échelle de la province, ce qui correspond à plus de «sept millions d’heures de service» chaque année.
«On dessert environ 3500 clients âgés sur une base régulière dans l’Est de Montréal. C’est l’équivalent d’une très grosse résidence, c’est juste qu’on n’a pas l’infrastructure. Mais on les dessert quand même dans leur milieu. Il faut nous aider à les aider», renchérit la professionnelle.
Québec «entend» les préoccupations
Jointe par Métro, l’attachée de presse au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), Elizabeth Lemay, est catégorique. Elle affirme que le gouvernement «entend bien» les préoccupations du réseau des EÉSAD.
«Il y a des réflexions et des discussions en cours en ce moment. C’est certain que le service qu’ils donnent est essentiel. On a entendu leur inquiétude. Il y va y avoir des développements.» -Elizabeth Lemay, porte-parole au MSSS, qui refuse d’en dire plus à ce stade-ci.
Hier, le premier ministre François Legault a confirmé que les infirmières travaillant en résidences privées toucheront dorénavant la prime de 8%, tandis que les autres employés auront droit à 4%.
Tous ces montants s’ajoutent au 4% déjà octroyé aux préposés aux bénéficiaires des résidences privées dans les dernières semaines.
«C’est plus que mérité par le personnel», a dit le chef de la CAQ. Il a réitéré leur apport inestimable à la lutte contre le coronavirus.