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GNL Québec: un investisseur potentiel majeur abandonne le projet

GNL Québec souhaite construire un gazoduc à travers le Québec.

Un investisseur potentiel majeur a abandonné le controversé projet d’usine de liquéfaction de gaz naturel de GNL Québec, à Saguenay, qui est maintenant compromis. Une situation qui réjouit plusieurs groupes environnementaux.

Le méga projet d’environ 10 G$, baptisé Énergie Saguenay, espérait bénéficier de la participation financière du fonds Berkshire Hathaway, dirigé par le milliardaire Warren Buffett, qui devait s’élever à environ 4 G$. Celui-ci s’est toutefois désisté du projet, rapporte La Presse jeudi.

L’entreprise GNL Québec n’a pas confirmé à Métro le nom de l’investisseur. Elle a toutefois reconnu qu’il s’agissait d’un important bailleur de fonds potentiel.

«Il faudra évaluer quels pourraient être les impacts à moyen et à long terme de cette annonce-là», a évoqué la directrice des communications de l’entreprise, Stéphanie Fortin. 

Ce revirement de situation serait associé au «contexte politique actuel». Dans les dernières semaines, d’importants blocus autochtones ont créé des frictions au sein de la population de même qu’entre les gouvernements provinciaux et Ottawa.

«Le blocus ferroviaire crée déjà des conséquences directes sur notre économie régionale, avec notamment le retrait d’un investisseur majeur dans le dossier GNL Québec», a réagi jeudi la directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie du Saguenay-Le Fjord, Sandra Rossignol, par voie de communiqué.

GNL Québec n’entend toutefois pas baisser les bras. Elle maintient d’ailleurs son objectif de pouvoir compléter la construction de cette usine d’ici 2025. Pour ce faire, elle devra arrimer le financement du projet l’an prochain.

«Il y a des discussions avec d’autres investisseurs potentiels», a assuré Mme Fortin. L’entreprise n’a d’ailleurs coupé aucun emploi à son siège social, a-t-elle précisé. 

Selon GNL Québec, la construction de cette usine permettra de créer 6000 emplois.

Acceptabilité sociale

Le retrait de cet investisseur potentiel a réjoui plusieurs groupes environnementaux, jeudi.

«On voit que le marché parle et que ce genre de projet-là n’a plus sa place. L’opposition grandissante au projet de GNL Québec partout dans la province porte fruit», a réagi à Métro la directrice générale de Nature Québec, Alice-Anne Simard.  

L’organisme a lancé l’an dernier une pétition qui a recueilli depuis plus de 60 000 signatures contre ce projet, qui menacerait plusieurs espèces fauniques vulnérables et des sources d’eau potable.

«Les projets de gaz naturel aujourd’hui sont aussi peu acceptables que les projets pétroliers», a pour sa part souligné le directeur général pour le Québec de la Fondation David Suzuki, Karel Mayrand. Selon lui, l’investisseur qui s’est désisté s’est senti «inquiet» face à l’opposition populaire à cette usine.

Tout comme le projet de gazoduc Coastal GasLink, à l’origine des récents blocus ferroviaires, plusieurs Autochtones du Saguenay s’opposent à l’usine de liquéfaction de gaz naturel que veut construire GNL Québec.

«Je pense que ça va être très difficile pour l’entreprise de trouver des investisseurs pour ce genre de projet pour lequel l’opposition ne va cesser de grandir au Québec», estime le responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace, Patrick Bonin.

«L’acceptabilité sociale n’est pas au rendez-vous au pays sur ce projet.» -Karel Mayrand

La mobilisation continue

Le projet Énergie Saguenay implique la construction d’une importante usine de liquéfaction de gaz naturel dans cette région québécoise. Celle-ci serait alimentée par un gazoduc de plus de 750 km reliant l’Ontario au Saguenay dont le coût de construction est évalué à 4,5 G$.

Ce pipeline serait lié au réseau de transport gazier de TC Énergie, qui se rend jusqu’en Alberta. L’objectif de ce projet est ainsi d’exporter le gaz naturel de l’ouest canadien vers l’Europe et l’Asie. 

«C’est sûr que ce n’est pas la fin officielle du projet. Il faut rester vigilants et continuer la mobilisation de la population contre ce projet», soulève M. Bonin.

Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement se penchera sur ce projet dès le 16 mars. Cette consultation se déroulera uniquement à Chicoutimi.

 

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