Le projet minier Teck Frontier n’a pas de raison d’être, plaident plusieurs organismes environnementaux. Ils exhortent le gouvernement fédéral de rejeter à tout prix ce plan d’exploitation des sables bitumineux.
«Une approbation serait une trahison colossale envers les millions de personnes au pays qui, lors des dernières élections, ont voté pour une action climatique plus forte», a affirmé dans un communiqué de presse une coalition de groupes écologistes. Selon eux, le gouvernement de Justin Trudeau doit à tout prix freiner ce projet basé dans le nord de l’Alberta.
Le projet Frontier de la compagnie Teck Resources s’installerait au nord de Fort McMurray. Il mènerait à la production de plus de 250 000 barils de pétrole sur une durée de 41 ans.
Frontier a fait l’objet d’une consultation environnementale de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada jusqu’en novembre dernier. Après son rapport, la décision finale reposera entre les mains du ministre de l’Environnement, Jonathan Wilkinson. Cette réponse doit, en principe, arriver à la fin du mois.
En entrevue avec Métro, le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin, ordonne au gouvernement de se positionner. «D’un point de vue climatique, ce projet-là n’a aucun sens. C’est l’exemple parfait de ce qu’on ne peut plus se permettre de faire», signale-t-il.
Carboneutralité
Cette semaine, Teck annonçait son intention de «réduire son empreinte carbone à zéro d’ici 2050». D’après M. Bonin, cette promesse n’est que de la poudre aux yeux.
«C’est une stratégie de relations publiques bas de gamme», s’insurge l’écologiste au bout du fil.
«On parle d’une augmentation des émissions de gaz à effet de serre de six millions de tonnes par année jusque dans les années 2060. Tout ça pendant que le gouvernement s’est engagé à être à zéro émission en 2050.» – Patrick Bonin
Attirer l’attention
En chœur avec Équiterre, Climate Justice Edmonton et Extinction Rebellion Edmonton, Greenpeace lance aussi un appel au conseil des ministres. «Le gouvernement n’a qu’une option s’il veut garder l’appui des électeurs», ajoute Patrick Bonin.
«Tous ceux à qui on parle sont révoltés en entendant que le gouvernement est même en train d’hésiter à approuver le projet», ajoute-t-il, invitant du même coup son ex-collègue écologiste Steven Guilbeault à faire des représentations contre l’immense mine à ciel ouvert.
Dans une déclaration transmise à Métro, le cabinet du ministre Wilkinson maintient qu’il «examine activement» Teck Frontier.
«Nous tiendrons compte d’une série de facteurs lorsque nous prendrons une décision sur ce projet, notamment nos engagements à atteindre des émissions nettes zéro d’ici 2050, à faire progresser la réconciliation et à faire croître l’économie», écrit-on.
Le fédéral a essuyé de nombreuses critiques dernièrement pour sa gestion de projets potentiellement néfastes pour le climat.
Le gazoduc Coastal Gaslink, dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique, a dû suspendre son chantier il y a deux semaines, lorsque des pièges ont été placés dans ses environs. Le constructeur, TransCanada, a choisi de construire le pipeline sur le territoire de la nation autochtone Wet’suwet’en.
Mardi, la Cour d’appel fédérale a rejeté la contestation de quatre communautés autochtones dans le cadre du pipeline Trans Mountain. Les plaignants souhaitaient mettre un terme au projet.