Le cas d’un jeune autiste de six ans en Montérégie qui s’est fait maltraiter pendant quatre mois sans que personne n’intervienne ramène sur la table la nécessité de parler des besoins en constante augmentation, des jumelages inadéquats et des investissements manquants pour ce type de clientèle, selon la Fédération québécoise de l’autisme (FQA).
«C’est abominable. On sait que nos services dans le système de santé ne vont pas bien, mais que ce soit fait au dépend de personnes vulnérables, c’est inconcevable», déplore à Métro la directrice générale de la FQA, Jo-Ann Lauzon.
L’enfant avait été placé par la DPJ dans un foyer de groupe composé de six adolescents entre 12 et 14 ans, avec des troubles de comportements. Cette ressource de débordement n’était pas adaptée à ses besoins.
Selon la directrice générale, ce cas malheureux vient encore une fois rappeler le constat que porte depuis plusieurs années la FQA: les besoins sont grands et les ressources sont «nettement insuffisantes».
«On manque de places. C’est ce qui fait qu’on fait des jumelages qui n’ont pas d’allure, qu’on place tout le monde n’importe comment, alors qu’on ne tient pas compte du profil de chacun», illustre-t-elle.
Par exemple, il arrive fréquemment que les autistes soient jumelés avec des personnes ayant une déficience intellectuelle.
«Si cette personne-là veut écouter de la musique, mais qu’elle est avec un autiste, pour qui c’est agressant, on a un problème. Il faut tenir compte des spécificités de chacun», ajoute Mme Lauzon.
Depuis longtemps
Ce n’est pas la première fois que la FQA martèle la nécessité d’investissements plus importants dans le soutien aux personnes autistes.
Lancée en 2017, une mesure prévoyait alors 29M$ pour répondre à une trentaine de recommandations, dont cinq qui allaient changer rapidement quelque chose dans le quotidien des gens.
Or, Mme Lauzon rapporte que sur le terrain, il n’y a eu aucun résultat concret suffisant pour répondre aux besoins.
«Il y a eu cinq services de répit d’ouvert, chacun avec une liste d’attente d’environ 125 personnes. Je ne pense pas que ça fasse une grande différence», explique-t-elle.
Bien qu’elle considère qu’il serait faux de dire qu’il n’y a eu absolument aucune amélioration, la directrice générale estime que la progression est trop lente pour faire «une vraie différence».
Le principal problème, selon elle, est que l’augmentation du taux de prévalence du trouble du spectre de l’autisme, qui grimpe de 20% par année, accroît plus rapidement que l’aide accordée.
«Il y a un plan, on donne tant de millions, mais l’année prochaine, il y aura 20% de plus, puis 40%, et ça, on n’en tient pas compte», déplore-t-elle.
Au Québec, la prévalence de l’autisme est estimée à 1,4% de la population.