Selon une étude faite par des chercheurs l’Université McGill, l’impact de la plateforme d’hébergement touristique serait assez imposant qu’elle enlèverait 31 100 résidences à travers le Canada. Il s’agit de la première analyse complète sur les effets d’Airbnb sur le parc locatif au pays.
Les activités d’Airbnb ayant considérablement augmenté à travers le Canada, l’étude menée par Jennifer Combs, Danielle Kerrigan et David Wachsmuth voulait mesurer l’envergure des impacts de la plateforme d’hébergement touristique sur le parc locatif.
L’étude démontre que 31 100 logements étaient loués si fréquemment dans la dernière année qu’ils empêchaient de loger un locataire de manière permanente.
Pour le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), qui sonne l’alarme depuis un moment déjà concernant les problèmes engendrés par les plateformes d’hébergement touristique, ces chiffres, bien que frappants, ne sont pas surprenants.
«C’est frustrant, parce que ça fait plusieurs années qu’on fait des démarches auprès de Montréal, de Québec à ce sujet», a déploré le porte-parole, Maxime Roy-Allard.
Même son de cloche du côté du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), pour qui il est indéniable que la plateforme a un impact direct sur la pénurie de logements.
«C’est certain que ce phénomène est un des facteurs de la pénurie qu’on vit, c’est même reconnu par la Ville», illustre la responsable des dossiers montréalais du FRAPRU, Céline Magontier.
En pleine pénurie de logements dans plusieurs régions du Québec, des milliers de logements ne peuvent être loués par des gens qui cherchent un loyer, parce qu’Airbnb ne remplit pas sa vocation première «au détriment de la population».
D’ailleurs, le cas montréalais est assez frappant, alors que 1% des hôtes de la plateforme génèrent plus de 30% des revenus.
«On n’est pas dans l’échange du type ‘’je pars en voyage pendant 15 jours et j’annonce mon logement pour ne pas avoir de perte financière’’, on est carrément dans des personnes qui achètent des logements ou qui évincent des locataires pour en faire des Airbnb, parce que c’est très lucratif», dénonce Mme Magontier.
«Légiférer plus sévèrement pourrait pratiquement régler la pénurie. Il y aurait plus de logements disponibles, ça pourrait même avoir un effet sur le prix du loyer, le diminuer un peu», ajoute M. Roy-Allard.
Selon les auteurs de l’étude, les villes et les provinces n’auront pas d’autres choix que d’intervenir incessamment, un point de vue que partagent les organismes.
«Je suis d’accord avec l’étude, car ça commence à contaminer de plus en plus, à sortir des métropoles et aller dans les villes plus petites aussi. Ça a tendance à se développer si on n’y met pas un frein», explique Mme Magontier.
En effet, bien que 46% des annonces sont localisées à Toronto, Vancouver et Montréal, l’étude illustre que les activités d’Airbnb sont en croissance rapide hors des grandes métropoles, par exemple à Mont-Tremblant.
Depuis peu, les personnes souhaitant offrir en location de courte durée leur résidence principale devraient obtenir un numéro d’enregistrement en ligne, permettant de faciliter le travail de Revenu Québec, apportant un encadrement plus serré.
Bien que ce soit «un pas dans la bonne direction», Mme Magontier estime que cela n’est pas suffisant, car compte tenu la popularité d’Airbnb amène son lot de plateformes semblables qui s’établissent tranquillement.
«Il faut s’assurer que ce n’est pas juste Airbnb qui soit réglementé, mais bien ce type de plateforme. Ce n’est pas la marque, mais bien la formule», développe-t-elle.