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Le président de la FPJQ discute du journalisme de l’ombre

Karl-Philip Vallée - Métro

Le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), Brian Myles, était de passage à l’École d’été de l’Institut du nouveau monde vendredi pour expliquer les dessous du journalisme d’enquête. Celui qui s’est invité dans la campagne électorale pour défendre les journalistes de l’émission Enquête à la suite de la diffusion d’un reportage sur une filature policière interrompue, il y a quelques jours, en a profité pour vanter le rôle du journalisme, qu’il juge indissociable d’une société démocratique.

Brian Myles a fait valoir que le journalisme d’enquête se distingue du journalisme plus traditionnel par les moyens qui sont déployés pour le pratiquer et par les résultats souvent percutants des reportages. «Le journalisme d’enquête vise à combler les vides laissés par les nouvelles de tous les jours, a-t-il souligné. La vraie enquête journalistique va réorienter le travail de tous les autres journalistes.»

Peu de médias québécois ont la capacité de se permettre de payer une équipe dédiée exclusivement au journalisme d’enquête, selon M. Myles. En effet, les enquêtes sont parfois longues et n’aboutissent pas toujours à des résultats tangibles. «Ce travail-là se fait avec une armée de recherchistes, un contentieux et un parquet de ressources très coûteuses. Ça prend des directions courageuses et avec des reins solides pour se lancer dans le journalisme d’enquête», a noté M. Myles.

Mais le président de la FPJQ explique que, lorsqu’on détecte un filon, il est parfois possible de rentabiliser un sujet pendant longtemps. «L’un des plus gros scandales de l’histoire récente du Québec, la fraude dans le milieu de la construction, est parti d’un simple reportage sur une histoire de fausses factures de restaurants avec le résultat qu’on connaît aujourd’hui.»

Les spectateurs, qui étaient invités à poser leurs questions au conférencier, semblaient particulièrement curieux d’en savoir plus sur la notion de vie privée, notamment sur l’utilisation de caméras et de micros cachés. Pour Brian Myles, il faut faire preuve de beaucoup de rigueur à ce sujet en journalisme d’enquête. «Le droit à l’information est constamment en concurrence avec d’autres droits. Nous sommes autorisés à utiliser des procédés clandestins sous réserve que ce soit la seule façon d’obtenir une information. La clé, c’est la notion d’intérêt public et la rigueur», a expliqué le journaliste du Devoir.

L’anonymat des sources est aussi un sujet qui a soulevé des questions. Le président de la FPJQ a présenté au public les limites de ce droit, qui fut au cœur du procès de Daniel Leblanc, le journaliste qui a contribué à révéler le scandale des commandites. «Les journalistes doivent opérer au cas par cas. Ils ne jouissent pas de la même protection que celle d’un médecin ou d’un avocat. Les journalistes s’exposent à des poursuites et même à l’emprisonnement en refusant de révéler l’identité d’une source.»

Visiblement optimiste sur la place des journalistes à l’ère des médias sociaux, Brian Myles s’est montré convaincu que les professionnels de l’information sont nécessaires et qu’ils sont là pour rester. «On n’a pas de démocratie saine sans un journalisme rigoureux, parce que les vrais problèmes, ce ne sont pas les gouvernements qui vont les révéler.»

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