La Ligue des droits et libertés (LDL) et la Fédération des femmes du Québec (FFQ) déplorent le refus du gouvernement du Québec de leur permettre de réaliser une mission d’observation au centre de détention Leclerc.
Environ 248 femmes ayant commis des délits mineurs y sont incarcérées depuis la fermeture cet hiver du centre de détention Tanguay, jugé désuet par Québec. L’établissement situé à Laval est ainsi devenu mixte.
Plusieurs témoignages ont fait état de contacts avec les détenus masculins, de personnel insuffisant et mal formé pour s’occuper de cette population et de confinement prolongé dans cette prison qui a aussi été jugée vétuste lors de sa fermeture par le gouvernement fédéral en 2012. Ottawa loue le bâtiment à Québec, qui l’a réouvert en 2014.
«Les hommes peuvent voir les femmes lorsqu’elles s’entraînent au gymnase et il y a des propos à caractère sexuel qui se disent, a donné comme exemple Mélanie Martel, une avocate en droit carcéral ayant plusieurs clientes et clients au centre Leclerc. Les suivis médicaux de base ne sont même pas assurés. Si on a une entorse, on n’aura pas de sac de glace ou de Tylenol.»
«Les conditions de détention ne respecteraient pas les droits fondamentaux de la personne», a laissé entendre Lucie Lemonde, porte-parole de la LDL et professeure de droit carcéral
Mélanie Sarazin, présidente de la FFQ, trouve cela d’autant plus inquiétant que beaucoup de ces femmes sont vulnérables. «Le passé des femmes est souvent lié à des abus, à de la violence physique et à des agressions sexuelles perpétrées par des hommes et elles peuvent difficilement s’adapter à un milieu carcéral mixte», a-t-elle souligné.
La LDL souhaite mener une mission à l’intérieur des murs de la prison afin d’évaluer la situation et d’identifier des pistes de solutions. Mais elle a reçu une fin de non-recevoir le 27 mai du cabinet du ministre de la Sécurité publique, invoquant des motifs de sécurité. Cet argument n’impressionne pas la LDL, qui demande une révision de cette décision.
«On pense qu’ils ont quelque chose à cacher, a argué Mme Lemonde. C’est très important qu’on sache ce qui se passe dans les prisons. C’est tellement un milieu fermé qu’il pourrait se passer n’importe quel abus.»
Le ministre de la Sécurité publique Martin Coiteux a déclaré mardi qu’une série de correctifs ont déjà été apportés à la prison. «Je ne pense pas qu’il soit le bon établissement à long terme, parce qu’il faut penser à la population carcérale féminine et à ses besoins spécifiques, et j’ai l’intention de proposer au gouvernement une solution à long terme», a-t-il spécifié.