Pénurie de lait maternel dans la banque d’Héma-Québec

La banque de lait maternel d’Héma-Québec, inaugurée il y a presque deux ans, ne suffit pas encore à la demande.

L’objectif de cette banque est d’améliorer les chances de survie des bébés prématurés de
32 semaines et moins dont la mère ne peut allaiter. Ils seraient environ 1 000 par année dans la province, selon les évaluations d’Héma-Québec.

Toutefois, au CHU Sainte-Justine, l’unité de néonatalogie doit limiter l’accès à ce lait aux bébés qui sont nés à moins de 29 semaines de grossesse.

«Comme Héma-Québec ne nous distribue pas assez de lait, on en réserve pour l’instant l’utilisation aux bébés qui en ont le plus besoin, a expliqué la Dre Annie Janvier, néonatalogiste au CHU Sainte-Justine. On donne du lait de banque à ces bébés jusqu’à ce qu’ils atteignent 32 semaines, après quoi on leur donne du lait de formule.»

De nombreuses études démontrent les bénéfices du lait maternel pour les prématurés de moins de 32 semaines. «Sur 20 bébés qui reçoivent du lait de banque, on va avoir un décès de moins et une entérocolite nécrosante, c’est-à-dire une infection intestinale grave, de moins. On sait aussi que leur cerveau se développe mieux», a rapporté la néonatalogiste.

Comme une centaine de bébés du CHU Sainte-Justine ont reçu de ce lait depuis deux ans, en plus de ceux nés dans les autres hôpitaux partenaires, plusieurs bébés ont théoriquement été sauvés. D’autres auraient pu l’être également s’ils avaient eu la chance de profiter de ce programme.

La pénurie est principalement attribuable au fait que jusqu’à 40% du lait recueilli en 2015 a été rejeté par Héma-Québec en raison de contamination bactérienne. La distribution de lait aux hôpitaux a d’ailleurs été interrompue de février à septembre 2015. Quatre hôpitaux sur les huit partenaires ont recommencé à en recevoir.

Pour régler le problème, Héma-Québec a effectué plusieurs correctifs dans son laboratoire. Des mesures ont aussi été prises auprès des donneuses, qui prélèvent leur lait elles-mêmes, pour s’assurer qu’elles respectent un protocole optimal. Le taux de rejet a ainsi été diminué à 25%.

«Notre objectif est de rétablir un approvisionnement suffisant dans les meilleurs délais», a assuré Laurent Paul Ménard, porte-parole d’Héma-Québec.

La banque est également en période de recrutement, puisqu’il lui faudrait environ 80 donneuses actives de plus. Les mères doivent être en santé, avoir une surproduction de lait, être non-fumeuses et avoir accouché dans un des hôpitaux partenaires. Il y a présentement 789 femmes inscrites, 370 qualifiées et 72 mères qui ont commencé à donner du lait.