Alexandre Duplessis a servi de prête-nom, selon Jean Bertrand
Le maire de Laval par intérim, Alexandre Duplessis, a servi de prête-nom et a touché de l’argent comptant pour les élections de 2005 et de 2009, a indiqué l’avocat Jean Bertrand, l’ancien agent officiel du parti PRO des Lavallois, qui a entamé son témoignage jeudi matin devant la commission Charbonneau.
Selon lui, tous les conseillers du parti de l’ex-maire Gilles Vaillancourt, le PRO des Lavallois, sauf France Dubreuil, France Beaugrain et Robert Plante, ont été remboursés pour leurs contributions en argent comptant. Leurs proches ont aussi été remboursés. M. Bertrand dit avoir remis environ 60 000$ par année non électorale.
«Je leur disais que c’était illégal, ils le savaient et le faisaient pareil. Je voulais qu’ils me disent non», a-t-il affirmé, soutenant que M. Vaillancourt était au courant.
«Il n’y a pas grand-chose dont le maire n’était pas au courant», a-t-il laissé tomber.
À deux reprises, M. Vaillancourt lui a d’ailleurs demandé, voire ordonné, de poursuivre la pratique qui faisait partie du côté «obscur» de son travail.
En 2009, le PRO des Lavallois a dépensé 1,1 M$ et environ 150 000$ de dépenses étaient en argent comptant.
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Tous pareils
Selon lui, tous les partis le faisaient, même au niveau provincial.
«Un de mes amis au Parti québécois le faisait en quantité industrielle, a-t-il affirmé. Au Parti libéral aussi.»
Surclasse aux frais du parti
Le témoin a raconté avoir été remboursé en 2008 en argent comptant pour un chèque de 5200$ qu’il a signé à la femme de l’ex-maire pour rembourser son surclassement d’un billet d’avion, lors d’un voyage au Japon.
Profiter de la loi
M. Bertrand a raconté comment il s’y prenait pour profiter des failles de la loi sur les dépenses électorales: il dépense dans les mois précédents l’élection, alors qu’il n’y a pas de plafond puis réduit les frais au minimum lors de la campagne électorale.
Selon lui, la loi électorale permettait aux partis municipaux riches d’avoir une longueur d’avance sur ses adversaires, puisque les dépenses à l’extérieur de la campagne électorale ne sont pas plafonnées. Par exemple, il a dit avoir dépensé 850 000$ pour le parti PRO des Lavallois pour l’élection de 2009, avant la période électorale. Seulement 250 000$ pendant la période électorale.
«Il n’y en pas de système égalitaire au municipal. Un parti beaucoup plus riche va écraser l’autre avant la campagne électorale», a-t-il lancé.
L’homme de 61 ans a affirmé avoir eu très peu de contacts personnels avec l’ex-maire.
«En 28 ans, j’ai dîné en tête-à-tête trois fois avec lui», a-t-il dit, ajoutant avoir soupé sur le bateau de M. Vaillancourt avec leur famille respective et l’ex-premier ministre, Bernard Landry.
Jean Bertrand a plongé dans la politique dès ses 20 ans. Il a été arrêté le 9 mai dernier par l’UPAC, lors du projet Honorer.
Marc Gendron et Roger Desbois, les deux collecteurs de la ristourne de 2%, ont raconté lui avoir remis de l’argent comptant.