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«Ce n’est pas ta ville et c’est à mon tour!»

Photo: www.ceic.gouv.qc.ca

L’entrepreneur Pierre Allard, d’Excavation S. Allard, a raconté devant la commission Charbonneau, mercredi, comment les entreprises lavalloises recevaient les nouveaux venus dans leur marché de collusion.

«Il m’a dit: tu n’es pas chez vous, tu n’as pas d’affaire à travailler ici. C’est notre territoire ici et c’est à mon tour d’avoir ce territoire. Soit tu te retires ou tu soumissionnes comme on te le demande», a-t-il dit, faisant référence à sa rencontre avec l’entrepreneur Patrick Lavallée, de J. Dufresne Asphalte.

M. Lavallée a tenté de l’écarter de l’appel d’offres d’un contrat en maîtrise d’oeuvre privé (MOP), à Laval. Les entreprises Carl Ladouceur, Entreprises VG et Desjardins Asphalte ont aussi participé à cette soumission qui devait être une soumission de complaisance, selon M. Allard.

Pierre Allard a indiqué avoir refusé de participer à la collusion, comprenant toutefois qu’il n’avait pas sa place dans le marché lavallois.

«Je perds tout là-dedans: un contrat qui m’intéresse, ma crédibilité», s’est-il expliqué, ajoutant qu’il avait peur de possibles représailles.

Il a finalement remporté la soumission et a informé son client de la situation, qui lui aurait dit: «Pourquoi tu penses qu’on t’a demandé de soumissionner?»

Selon M. Allard, il aurait fait sauver entre 100 000$ et 200 000$ à son client par son honnêteté.

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Intransigeance de tuyaux
Lors de l’exécution de travaux, il s’est fait imposer le choix d’un fournisseur pour les tuyaux. Impossible d’utiliser un autre produit à valeur égale, sinon le service d’ingénierie de la Ville, dirigé par Claude Deguise, n’approuvait pas l’installation et l’obligeait à les retirer. Et tous semblaient le savoir.

«Ça me surprenait que tu puisses rentrer mes produits à Laval», lui aurait lancé son fournisseur.

Pots-de-vin aux cols bleu
Le témoin a aussi indiqué avoir remis 110$ en argent comptant à un col bleu de Laval qui ne voulait pas travailler sur son chantier.

«Après l’avoir payé, il a super bien travaillé», a-t-il affirmé.

«C’est normal, tu ajoutes ça à tes dépenses», lui a indiqué un ami.

M. Allard a affirmé avoir discuté avec l’Escouade Marteau de ces évènements, mais ne peut pas dire si la situation a changé à Laval.

«Je n’ai jamais eu affaires dans un système de collusion après ça», a-t-il dit, ajoutant que depuis la création de la commission Charbonneau, il n’a même plus le droit de payer un café aux employés municipaux.

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