Gilles Vaillancourt était le «boss» de Laval
L’ancien directeur général adjoint, Jean Roberge, a admis jeudi devant la commission Chabonneau qu’à Laval le patron de la Ville, c’était Gilles Vaillancourt.
M. Roberge qui a terminé son témoignage jeudi après-midi a raconté qu’à son arrivée au service d’ingénierie, il a poursuivi le système de partage de contrats mis en place par Claude Deguise, ancien directeur des services d’ingénierie. Selon lui, le travail était bien fait puisque rarement les firmes ont tenté d’influencer son choix lorsqu’il préparait l’attribution des contrats publics offerts par appel d’offres.
«Pour les plus gros contrats, des entreprises venaient me voir, me disaient ce contrat-là est à nous, c’est confirmé avec le boss. Je leur disais: c’est qui le boss? Elles répondaient: c’est le maire», a-t-il raconté.
Chaque fois, il a confirmé directement avec la maire qui lui donnait son approbation, souvent d’un signe de la tête. Jamais les firmes ne lui ont proposé des pots-de-vin.
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Le témoin a aussi raconté que Claude Déguise recevait régulièrement dans son bureau des entrepreneurs, des développeurs et des promoteurs immobiliers.
«C’était comme un médecin, il recevait la communauté d’affaires plusieurs fois par jour», a-t-il affirmé, ajoutant que lorsqu’il a pris sa place, Laval a économisé sur le tapis, puisque beaucoup moins de personnes venaient le visiter.
50% d’économie
Le départ de M. Deguise a aussi permis d’économiser la moitié des coûts dans les travaux de conservations de la chaussée qui étaient majoritairement faits par la firme Cima +, a indiqué le témoin. Selon lui, un tronçon qui coutait 400 000$ est actuellement octroyé à 150 000$ ou 200 000$. Les Lavallois en auraient aussi plus pour leur argent parce que les exigences de la Ville sont plus élevées.
20 000$ en argent comptant
L’homme de 53 ans a expliqué que le seul avantage pécuniaire qu’il a reçu était un 20 000$ en argent comptant pour compenser la diminution de son salaire lors de son embauche. M. Roberge avait été embauché comme assistant au directeur du service de l’ingénierie alors qu’il faisait le travail du directeur. Une différence de salaire d’environ 20 000$.
Au moment de son embauche, Gaétan Turbide lui avait dit qu’il serait dédommagé. Toutefois, en octobre 2008, M. Turbide a quitté ses fonctions.
Alors qu’il songe à claquer la porte de l’Hôtel de Ville, Gilles Vaillancourt l’a rencontré pour lui dire que Roger Desbois, ingénieur chez Tecsult, s’occuperait de la compensation. Selon M. Roberge, c’est M. Desbois qui s’occupait du système de collusion entre les entrepreneurs en construction à Laval.
Des cadeaux et des travaux pour les hauts fonctionnaires
Jean Roberge a admis avoir utilisé plusieurs moyens pour développer les affaires de la compagnie qu’il a dirigée avant de devenir fonctionnaire.
Il a offert, à la demande de Claude Deguise, ancien directeur des services d’ingénierie de Laval, les services de sa compagnie pour faire l’ingénierie des fondations de la future maison de Claude Asselin, l’ancien directeur général de la Ville.
Plus de 15 000$ en argent comptant
M. Roberge a aussi affirmé avoir fait des dons au parti PRO lavallois, mais qu’il n’existait pas de ristourne fixée avec la valeur des contrats obtenus à Laval.
L’ancien numéro 2 de la fonction publique lavalloise, qui a œuvré pendant une vingtaine d’années dans une firme de génie-conseil, a expliqué qu’à deux reprises il a remis de son plein gré une enveloppe d’argent comptant au notaire Jean Gauthier, qui s’occupait du financement du parti de l’ex-maire Gilles Vaillancourt.
Lors d’un premier versement, il a remis, dans le bureau de M. Gauthier, une enveloppe qui contenait 10 000$ en argent comptanté Jean Gauthier n’a pas ouvert l’enveloppe blanche. Seule une poignée de main a été nécessaire.
Le scénario s’est reproduit quelque temps plus tard, cette fois-ci avec 6000$ ou 8000$.
Il a aussi affirmé que jamais il n’avait discuté du partage des contrats ni des pots-de-vin à donner avec les autres firmes des montants.
De gros cadeaux
M. Roberge a aussi raconté qu’à deux reprises, à Noël, il a offert des cartes-cadeaux de 3000$ ou 4000$ à Claude Deguise, alors directeur du service de l’ingénierie à la Ville de Laval. Il s’agissait de deux cadeaux très importants par rapport à ceux qu’il donnait normalement aux fonctionnaires ou aux autres clients de sa firme.
«[Claude Deguise] jouait un rôle important», a-t-il expliqué