L’ancien directeur général adjoint à Laval, Jean Roberge, a admis dès le début de son témoignage qu’il y avait un système de partage des contrats dans la ville de Laval entre 2002 et 2007. «[Je peux vous dire cela] parce que j’ai participé à ce système», a lancé d’entrée de jeu l’homme de 54 ans qui a dirigé la firme Équation Groupe Conseil de 2002 à 2007.
Vers 2002-2003, après l’adoption de la loi 106 sur l’attribution des contrats, il a été introduit au système de partage des contrats par Jean-Marc Melançon, responsable des achats et approvisionnements et ancien chef de cabinet du maire Vaillancourt, qui «en menait large à la Ville». M. Roberge l’a rencontré pour «améliorer le sort de sa compagnie».
«J’ai compris que si j’étais bon avec le politique, le politique serait sûrement bon avec moi», a-t-il expliqué, précisant que cela se traduirait par le financement du parti PRO lavallois du maire Vaillancourt.
M. Roberge a alors rencontré le maire Gilles Vaillancourt en 2003 pour lui parler du développement des affaires et non d’argent. Sa firme est invitée à un premier appel d’offres pour un contrat, peu de temps «avant ou après».
Deux ou trois contrats derrière la cravate, il a décidé de son plein gré d’être «bon avec le politique» en remettant 10 000$ en argent comptant au notaire Jean Gauthier qui s’occupait du financement du parti. M. Gauthier a aussi été arrêté jeudi dernier. Selon le témoin, c’est ce qu’il fallait faire, même s’il n’a pas reçu d’ordre.
M. Roberge a raconté que la collusion à la Ville découlait de la loi 106 qui forçait l’invitation à des appels d’offres pour des contrats de 25 000 à 100 000$. Avant, le démarchage politique était suffisant.
M. Roberge a été suspendu avec solde de ses fonctions le 6 mai dernier.
Un régime de terreur
En 2008, M. Roberge a accédé à la haute fonction municipale à titre d’adjoint au directeur du service de l’ingénierie qui traversait une «période noire».
«Au service de l’ingénierie, on sentait qu’on sortait d’un régime de terreur de dix ans», a-t-il indiqué, expliquant qu’une seule personne était à la tête de ce système: Claude Deguise, l’ancien directeur du service de l’ingénierie. M. Deguise a été arrêté jeudi dernier par l’UPAC et il fait face à plusieurs chefs d’accusation, dont un de gangstérisme.
Un système «différent»
Le procureur Paul Crépeau, qui pilote l’interrogatoire, a affirmé dans son allocution d’ouverture que des hommes d’affaires, des ingénieurs et des élus défileront à la barre de la commission pour parler de corruption et d’un système de partage de contrats. Un «système de ristournes» en argent comptant «différent» de celui en place à Montréal.