Après les touristes, les navettes veulent attirer plus de locaux
C’est le retour de la belle saison, et avec lui, du charme des navettes fluviales. Les embarcations ont repris du service pour une troisième saison pilote le 15 mai, en avance par rapport aux années précédentes. Une façon pour l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) de répondre à un «engouement indéniable», avec plus de 256 000 passagers en 2022.
«Cette année aussi, avec toutes les nouveautés, on espère que la clientèle sera au rendez-vous encore plus que l’année passée», affirme Simon Boiteau, porte-parole de l’ARTM. L’objectif: encourager une utilisation quotidienne des navettes par les résidents, non seulement pour le plaisir, mais aussi pour leur trajet domicile-travail.
«Cette année, on a devancé le début de la saison au printemps et prolongé la fin de la saison à l’automne, justement pour fidéliser la clientèle. Cela lui permet d’en profiter pleinement durant la belle saison», explique-t-il.
En effet, le projet pilote est déjà en cours d’expansion. Cette année, six liaisons desserviront Montréal, Boucherville, Longueuil et, prochainement, Varennes. Dans le cadre des mesures d’atténuation des travaux dans le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, une nouvelle liaison a également été ajoutée. Elle relie le parc de la promenade Bellerive à Boucherville, et est également gratuite tout au long de l’été.
Les quais de l’île Sainte-Hélène et de Varennes seront cependant mis en service plus tard cette saison, à cause de crues printanières exceptionnelles affectant le niveau d’eau sur le fleuve.
L’ARTM a mis en place une politique de réservation en avance sur le site de l’exploitant Navark. Pour les détenteurs d’une carte OPUS valide dans la zone traversée par les navettes, le service est gratuit, tout comme pour tous les enfants de moins de 11 ans.
Plus de navettes, moins d’autos
L’ARTM a ainsi ajusté les horaires de navigation pour s’adapter aux besoins des travailleurs, des étudiants et des loisirs. En plus d’une belle vue de Montréal depuis le fleuve, la traversée ne dure qu’une demi-heure depuis Longueuil. «C’est une autre ambiance, un autre état d’esprit quand tu arrives au boulot le matin» ajoute M. Boiteau.
Le fleuve demeure sous-exploité pour le déplacement de personnes.
Simon Boileau, porte-parole de l’ARTM
L’ARTM voudrait rendre ce moyen de transport encore plus attrayant pour les résidents de la métropole. «Dans un sondage qu’on a réalisé, plus de 50% des gens ont dit qu’ils auraient pris leur voiture si ce n’avait pas été du service de navette fluviale» poursuit le porte-parole de l’organisation.
«On parle du dernier kilomètre. C’est toujours l’enjeu sur lequel on travaille pour favoriser un parcours fluide des usagers entre les différents modes et les différents réseaux», poursuit le porte-parole de l’ARTM.
C’est pourquoi cette dernière a également installé une nouvelle signalisation indiquant les interconnexions avec d’autres réseaux de transport, et a ajouté des stations BIXI du côté de la Rive-Sud.
Les vélos sont les bienvenus
Tout au long de l’été, l’ARTM continuera à observer et à s’adapter aux habitudes de déplacement de ses usagers. «Quand on est capable, on a des départs aux heures. On peut les ramener à un toutes les demi-heures, comme en période de Grand Prix, ou [du festival] Osheaga. On est ainsi capable de pousser un peu plus», assure Jonathan Ouellet, responsable de l’optimisation des opérations, ressource humaine et service client auprès de Croisières AML, qui opère les navettes.
L’ARTM veut faire de ces navettes, plutôt qu’un ajout pittoresque au paysage urbain de Montréal dont les touristes sont les essentiels passagers, une partie intégrante de l’offre de transports en commun métropolitaine.
«Le volet récréotouristique, c’est quand même assez bien connu. […] On veut attirer « les navetteurs » – les gens qui doivent transiter pour les études – on pense au Collège Marie-Victorin, du côté de l’est de Montréal, les gens qui viennent pour le travail des rendez vous de santé, ceux qui travaillent du côté du parc industriel de Boucherville ou encore qui partent de l’est de Montréal», énumère le porte-parole de l’ARTM.
Le défi réside dans l’encouragement du transfert modal des usagers des voitures aux moyens de transport plus durables. Pour cela, l’ARTM déploie de multiples stratégies, du développement d’interconnexions aux horaires flexibles, afin de faire des navettes un choix de transport privilégié et pratique.
La fréquentation de l’année 2023 définira l’offre de la saison suivante. En raison des travaux au tunnel, le suivi se fera tout au long de l’année en continu. En cas de très fort achalandage, «on est capable de pousser un peu plus», promet Croisières AML.