68% des Montréalais ne pensent pas pouvoir devenir propriétaires prochainement
Environ 68% des locataires de la région de Montréal ne pensent pas avoir les moyens de devenir propriétaires dans les cinq prochaines années, selon un sondage Léger dévoilé jeudi.
Seulement 24% des répondants du Grand Montréal ont déclaré pouvoir acquérir une résidence d’ici cinq ans. À l’échelle de la province, ce sont 64% des répondants qui disent ne pas avoir de tels moyens, contre 27% qui affirment en disposer. Seul le sous-échantillon dont le revenu est supérieur à 100 000$ par année croit majoritairement (58%) qu’il pourra devenir propriétaire d’ici 2028.
Le sondage Léger est le plus vaste jamais réalisé sur la situation des locataires au Québec, a déclaré la vice-présidente Québec chez Léger, Cynthia Darisse, jeudi lors du dévoilement. C’est l’organisme Vivre en Ville qui l’a commandé, dans le cadre du dévoilement de son registre des loyers. Les résultats montrent que la situation en matière de logement se dégrade pour les locataires québécois, selon l’organisme. Un locataire sur dix a rapporté avoir déjà vécu une situation d’itinérance.
«On voit que lorsque les locataires déménagent, leur loyer augmente en moyenne de presque 20%, déclare le directeur-habitation de Vivre en Ville, Adam Mongrain, par communiqué. C’est un rythme insoutenable, causé en partie par le manque d’information sur les loyers précédents.»
Le montant moyen payé pour se loger chaque mois au Québec est actuellement de 926 $, alors que les locataires payaient en moyenne 781 $ mensuellement pour leur logement précédent, selon le sondage Léger. Les hausses annuelles ont aussi un impact significatif sur le coût du logement, le montant moyen payé à la signature du bail étant de 807 $ par mois.
Par ailleurs, bien qu’il soit coûteux de déménager, les locataires auraient vécu en moyenne dans 3,4 logements dans les 15 dernières années, selon le sondage. Les plus jeunes semblent être plus nomades que les plus âgés, cette moyenne se chiffrant à quatre logements chez les 16 à 34 ans, contre 2,8 logements chez les 55 ans et plus.
Une clause G du bail aux effets limités
Un propriétaire est tenu par la loi de divulguer à son locataire le dernier loyer payé dans les 12 derniers mois, normalement dans la clause G du formulaire de bail. Notons qu’une exception existe pour les logements construits depuis moins de cinq ans, pour lesquels la clause F du bail doit être remplie.
Malgré cette obligation légale, 35% des locataires ont rapporté dans le sondage Léger que la clause G de leur bail n’avait pas été remplie par le propriétaire. Environ 45% ont déclaré ne pas savoir si cette clause avait été remplie. Ce sont donc 8 locataires sur 10 qui ne sont pas au courant du dernier loyer payé par le biais de leur bail.
Le locateur doit, lors de la conclusion du bail, remettre au nouveau locataire un avis indiquant le loyer le plus bas payé au cours des 12 mois précédant le début du bail ou, le cas échéant, le loyer fixé par le tribunal au cours de la même période.
Extrait de l’article 1896 du Code civil du Québec
En outre, 32% des locataires estiment ne pas avoir le choix d’accepter une hausse de loyer supérieure à la recommandation du Tribunal administratif du logement, et ce, même si un locataire peut toujours contester une hausse. Cette proportion augmente à 35% chez les retraités.
Notons que 51% des locataires ont déclaré à Léger qu’ils n’accepteraient pas une hausse supérieure à la recommandation du Tribunal: 13% déménageraient et 38% contesteraient la hausse, mais resteraient dans le logement.
Les données du sondage Léger ont été collectées sur le web, entre le 1er et le 18 mars 2023. L’échantillon compte 5550 locataires du Québec de 16 ans ou plus et pouvant s’exprimer en français ou en anglais.