Au-delà de la baisse d’impôts pour 4,6 millions de Québécois annoncée par le gouvernement Legault mardi après-midi, quels seront les impacts précis du budget provincial 2023-2024 pour Montréal et sa population?
Métro recense ici dix détails du budget qui auront une incidence sur la métropole et ses habitants.
1 – 400 M$ pour le transport collectif
Alors que la Société de transport de Montréal (STM) n’a pu boucler un budget équilibré en 2022 et prévoit un déficit de 78 M$ en 2023 et que l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) fait également face à des difficultés, le gouvernement du Québec renouvelle son aide d’urgence aux sociétés de transport québécoises. Une aide que la STM accueille favorablement, affirme la Société dans un communiqué de presse.
Les organisations de transport collectif de la province font face à une baisse de revenus liés à la perte de l’achalandage causée par le télétravail et à la diminution des revenus des taxes sur l’essence.
Le budget du ministre Éric Girard accorde une aide rétroactive de 200 M$ pour l’année 2022-2023, comme il l’avait fait lors des années de pandémie, et le même montant pour l’année 2023-2024, pour un total de 400 M$. Le ministère des Finances ne précise pas quelle part de cette somme reviendra à la STM et à l’ARTM.
2 – Pas d’équilibre entre les investissements en transport en commun et les investissements dans le réseau routier
Malgré les demandes de nombreux organismes environnementaux dont Vivre en ville, Alliance TRANSIT et Équiterre, le gouvernement du Québec continuera de financer davantage le transport routier que le transport collectif au cours des cinq prochaines années.
Ainsi, seulement 32,8% des investissements en transport seront injectés dans le transport collectif et durable, soit 15,4G$ d’un total de 46,9 G$.
Vivre en ville a d’ailleurs réagi en dénonçant ce déséquilibre dans les investissements.
3 – Des logements sociaux
Québec ira de l’avant et financera un total de 1297 logements sociaux et communautaires à Montréal en cinq ans. Ces logements étaient en attente de financement de la part d’AccèsLogis. Les organismes sans but lucratif (OSBL) en habitation estimaient le nombre de logements sociaux planifiés en attente de financement à 1723 pour Montréal.
À l’échelle de la province, le gouvernement prévoit construire 5250 logements sociaux et abordables, dont 500 unités en collaboration avec le secteur privé.
De nombreux organismes préfèrent le logement social et communautaire au logement abordable, une notion jugée floue.
En février, les OSBL en habitation estimaient qu’il faudrait construire 25 000 logements sociaux en cinq ans pour combler 10% des besoins.
4 – Santé mentale, itinérance et dépendance
Alors que cinq des six premiers homicides de l’année à Montréal seraient liées à des enjeux de santé mentale, Québec n’augmente que très peu le financement en santé mentale.
Le gouvernement accorde en 2023-2024 une somme supplémentaire de 27 M$ en la santé mentale; 7 M$ supplémentaires pour augmenter le nombre de places dans les hébergements d’urgence; et 6,1 M$ de plus pour la lutte à la dépendance, pour un total de 40,1 M$.
Le budget consacré à la santé mentale, à l’itinérance et à la dépendance passe donc à 1 856 M$ en 2023-2024, en hausse de 3,7%.
Le Regroupement des maisons des jeunes du Québec (RMJQ) juge les financements accordés aux organismes communautaires en santé et services sociaux insuffisants et «déconnectés de la réalité sur le terrain».
5 – Autochtones en situation d’itinérance
Alors qu’une crise humanitaire frappe les Autochtones en situation d’itinérance dans le secteur de Milton-Parc à Montréal, majoritairement des Inuit, Québec annonce un financement de 6,5 M$ pour «assurer la continuité des services d’hébergement pour les Autochtones en situation d’itinérance à Montréal».
6 – Améliorer la sécurité publique
Textos, images et vidéos feront partie des moyens de communication possibles avec le 9-1-1 d’ici le 4 mars 2025, alors que Québec accorde 45,5 M$ afin de soutenir les services du 9-1-1 dans leur modernisation. Cette somme ira aux municipalités, car ce sont elles qui financent les centres d’urgence.
Plus localement, Québec grave dans la pierre le financement supplémentaire du Service de police de la Ville de Montréal, pour un total de 200 M$ sur les quatre prochaines années – soit 50 M$ par année. Une somme qui s’ajoute aux 53 M$ greffés de façon rétroactive au budget 2022-2023, dont le gouvernement avait déjà fait l’annonce.
7 – La fin pour Interligne de nuit
Après avoir refusé une motion libérale pour que la province assure la survie du service de nuit d’Interligne, une ligne d’écoute destinée à la communauté LBGTQ, le budget Girard ne prévoit aucune somme pour aider cet organisme.
Interligne aimerait garder ouvert ce service, qui devra fermer le 31 mars prochain. Le gouvernement Legault favorise une approche institutionnelle, conseillant d’appeler le 8-1-1 Info-Social, option 2.
Si vous ressentez de la détresse ou des idées noires, de l’aide est disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, partout au Québec. Les services sont gratuits, bilingues et confidentiels. Téléphone : 1 866 APPELLE (277-3553). Texto : 535353. Clavardage et outils : www.suicide.ca.
8 – Aménagement du territoire
Le budget Girard prévoit 78 M$ sur six ans pour l’aménagement urbain.
Pourtant, «les acteurs de l’aménagement continuent de réclamer un investissement minimal de 100 M$ annuellement pour favoriser le développement d’écoquartiers et la consolidation urbaine partout au Québec», réagit Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville, par voie de communiqué.
Avec cette somme, une gouvernance en architecture sera mise sur pied afin d’instaurer une «culture de la qualité architecturale au Québec», et les municipalités et organismes seront aidés pour les enjeux en aménagement.
9 – Des investissements pour l’Est
Le gouvernement Legault investit 23 M$ pour l’est de la métropole. Cet investissement sera sous la responsabilité du Secrétariat à la région métropolitaine, en partenariat avec la Ville de Montréal et la Ville de Montréal-Est.
La somme sera utilisée pour des projets à court terme favorisant la vitalité du secteur, la mobilité durable et le développement économique innovant.
10 – Le port agrandi
La construction du nouveau terminal Contrecœur du port de Montréal sera appuyée par Québec, à hauteur de 75 M$.
L’objectif est d’améliorer la compétitivité du Québec et de limiter la pollution en diminuant les distances parcourues par le transport routier de marchandises et en électrifiant le terminal.