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Une faille dans le témoignage de Zampino

Frank Zampino
Photo: www.ceic.gouv.qc.ca

L’ex-président du comité exécutif, Frank Zampino a finalement reconnu, mardi devant la commission Charbonneau, qu’il avait entendu parler de la collusion à Montréal.

Si, au début de son témoignage, il avait déclaré sous serment n’avoir jamais eu vent d’un système de partage de contrats à Montréal, il a dû reconnaître qu’en 2006, il avait pris connaissance d’un rapport d’une firme de vérification externe qui faisait état d’un marché dominé par quatre grandes entreprises.

«Donc, vous avez menti», lui a lancé le commissaire Renaud Lachance.

Visiblement ébranlé, M Zampino a expliqué qu’il avait demandé au directeur général de l’époque, Claude Léger, de faire le suivi auprès du comité de vérification et qu’il avait agi fermement pour ouvrir davantage le marché montréalais.

«Est-ce que je me suis trompé dans la réponse? Est-ce que j’ai répondu trop vite?», a finalement reconnu M. Zampino.

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Compteurs d’eau
M. Zampino a aussi affirmé qu’il n’avait pas fait d’ingérence dans le dossier des compteurs d’eau, malgré sa grande proximité avec Rosaire Sauriol et Tony Accurso.

Le projet de 355 M$ avait été accordé à un consortium formé de la firme Dessau (Sauriol) et Simard-Beaudry (Accurso), avant d’être annulé après un rapport du Vérificateur général de la Ville de Montréal qui faisait état de nombreuses irrégularités.

M. Zampino a rappelé lors de son témoignage qu’il avait séjourné sur le luxueux bateau de M. Accurso pendant le processus d’octroi du contrat. Il a aussi indiqué avoir profité du bateau avec sa famille à quelques reprises, dont une fois en 2005. La commission n’a toutefois pas abordé les autres occasions. Une semaine sur ce bateau coûterait 75 000$, avait affirmé Rosaire Sauriol.

Frank Zampino a par ailleurs affirmé que c’était le comité de suivi dirigé par le bureau de projets qui avait décidé de joindre les deux volets du projet des compteurs d’eau dans un appel d’offres, et non lui-même, comme l’avait allégué Claude Léger.

«Quand j’entends dire que c’est M. Zampino qui a demandé ça, c’est complètement faux», a dit M. Zampino, parlant de lui à la troisième personne.

Discussion d’affaires avec ses amis
L’ex-président du comité exécutif, Frank Zampino, a indiqué, mardi devant la commission Charbonneau, qu’il a toujours été capable de faire une distinction entre ses fonctions publiques et ses liens d’amitié. Bien que certains de ses amis étaient des entrepreneurs ou des ingénieurs qui obtenaient d’importants contrats avec la Ville de Montréal.

«Je ne pourrais pas vous dire que sur les 15 ans que je connais Rosaire Sauriol [vice-président de Dessau], je n’ai pas discuté des enjeux de la Ville, a-t-il dit. Rosaire Sauriol est un ami, et on pouvait se rencontrer sur de grands enjeux, mais également, je pouvais être une personne-conseil pour le guider dans des problèmes ou des dossiers qu’il pouvait avoir dans certains arrondissements.»

Il a toutefois admis qu’il n’en avait jamais parlé au maire, Gérald Tremblay. M. Zampino s’est du même souffle défendu que ses liens d’amitié s’apparentent à ceux qui se développent dans une entreprise privée.

Le commissaire Renaud Lachance lui a demandé comment il peut toujours être ami avec M. Sauriol si ce dernier a «volé les Montréalais» et lui a «menti» pendant plus de sept ans en lui cachant le système de collusion.

«Si on croit votre témoignage, on trouve cela difficile de comprendre pourquoi vous restez ami avec M. Sauriol, mais si on ne vous croit pas, il y a une logique à ce que vous soyez encore ami», a lancé M. Lachance, irrité.

Frank Zampino a aussi reconnu que son ami de longue date Tony Accurso lui posait parfois des questions sur les orientations de la Ville.

«C’est quelqu’un qui, dans mes discussions avec lui, parlait souvent de sa passion: son bateau, a-t-il raconté. On a aussi parlé de nos familles.»

150 000$

Jusqu’à présent, la Ville de Montréal a dépensé environ 150 000$ pour être représentée par la firme d’avocats McCarthy Tétrault à la Commission Charbonneau, a indiqué mardi le président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Laurent Blanchard. Une enveloppe de 350 000$ a été autorisée par le comité exécutif pour ces services judiciaires. L’ancien maire, Gérald Tremblay, bénéficie de l’aide de McArthy Tétrault, mais pas l’ancien président du comité exécutif, Frank Zampino. Ce dernier a d’ailleurs entamé des démarches judiciaires pour renverser la décision de la Ville. La cause est pendante devant la Cour supérieure.

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