Après avoir accusé la commission Charbonneau d’induire la population en erreur en présentant un registre d’appels téléphoniques inadéquat, l’ex-président du comité exécutif à la Ville de Montréal, Frank Zampino, s’en est pris à l’agenda qui a été exhibé en preuve.
«Présumez-vous que ces documents ont été falsifiés?», lui a demandé la juge France Charbonneau.
«Il y a des inscriptions qui sont là et qui ne reflètent aucunement la vérité», a répondu le témoin, d’un calme teinté d’arrogance.
La juge l’a assuré que jamais la commission n’avait altéré les documents qu’elle avait reçus.
M. Zampino a aussi défendu son intégrité: il a juré n’avoir «jamais» fait d’ingérence dans le processus d’octroi de contrats à la Ville de Montréal, tout en affirmant qu’il était au courant des gonflements de coûts à la Ville comme «tous les autres élus.»
«On disait souvent qu’à Montréal, ça coûtait plus cher et on avait une liste des raisons pouvant expliquer ça», a-t-il précisé.
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L’homme de 53 ans a en outre indiqué qu’il ignore pourquoi Louis-Pierre Lafortune, un homme accusé de blanchiment d’argent et de gangstérisme, affirmait être obligé d’assister à un cocktail de financement en avril 2009.
«C’est ça, c’est Zampino, ça on a pas le choix», entend-on dire M. Lafortune sur un enregistrement téléphonique effectué dans le cadre de l’enquête Diligence, de la Sureté du Québec.
Le témoin s’est toutefois défendu d’avoir fait du financement après son départ et qu’il trouvait «inacceptable que des gens vendent des billets à son nom».
«Je ne connais pas Louis-Pierre Lafortune, je ne suis plus à Montréal, je ne m’occupe plus de financement, je ne peux pas commenter du ouï-dire», a rappelé. M. Zampino, qui n’est plus à la Ville de Montréal depuis 2008.
«Zampino, c’est vous?» l’a relancé Me Lebel.
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Des contradictions
Plus tôt dans la journée, dès le début de son témoignage, l’ex-bras droit de Gérald Tremblay a été confronté à certaines contradictions.
La juge France Charbonneau a mis en évidence que mercredi, il avait raconté avoir demandé à Marc Deschamps, l’agent officiel du parti Union Montréal, de faire ses déclarations fiscales par manque de temps. Or, M. Zampino, lui-même comptable, a délégué le travail à M. Deschamps l’année après sa démission à la Ville.
«J’ai fait ça en raison de questions relatives à mon départ de la Ville», a-t-il indiqué.
La procureure Sonia LeBel, qui pilote l’interrogatoire, doit souvent répéter les mêmes questions afin d’obtenir des réponses claires. Le témoin, bien préparé par ses avocats, garde un ton calme et répond souvent en proposant lui-même une analyse des allégations à la lumière des témoignages précédents.
«M. Zampino, je ne vous demande pas votre analyse, je vous demande de répondre à mes questions», lui a rappelé Me LeBel.
Départ de M. Trépanier
Par ailleurs, M. Zampino est revenu sur la démission de Bernard Trépanier qui, en 2006, avait quitté officiellement ses fonctions de directeur du financement d’Union Montréal.
Le témoin, «grand ami» de M. Trépanier, aurait appris la nouvelle cinq ou six mois après l’événement.
«M. Trépanier est un homme de grande fierté, a-t-il expliqué, rappelant qu’il ne s’occupait pas du parti Union Montréal. Il m’a dit que le poste serait aboli, mais qu’on lui offrirait autre chose et qu’il allait garder ses fonctions.»