La Ville de Montréal planche sur un projet pilote pour remorquer certains véhicules stationnés illégalement dans les pistes cyclables. D’ici à son aboutissement, un plus grand nombre d’agents circuleront sur huit axes cyclables de Montréal pour intercepter les véhicules stationnés illégalement.
En partenariat avec l’Agence de mobilité durable (AMD), Montréal établira dans les prochaines semaines les critères menant au remorquage des véhicules contrevenants. Depuis mai, un projet pilote est mené sur le Réseau express vélo (REV) de la rue Saint-Denis. Les habitudes des automobilistes y sont évaluées.
Pour Projet Montréal, le remorquage potentiel des véhicules obstruant les pistes cyclables constitue «un changement majeur de paradigme». «À partir du moment où tu es stationné dans une piste cyclable, il n’est pas impossible que tu sois remorqué», résume la responsable du transport et de la mobilité au comité exécutif montréalais, Sophie Mauzerolle. «Il faudra s’ajuster, parce que la plupart du temps, les véhicules sont sur les clignotants et leurs conducteurs reviennent rapidement. Tandis que l’arrivée du remorqueur peut prendre un certain moment.»
Plus d’amendes
Dans la foulée du projet pilote sur le REV Saint-Denis, un plus grand nombre d’agents de l’AMD ont été déployés pour intercepter les automobilistes fautifs. Résultat: entre le 1er juin et le 1er août, 414 constats infractions ont été remis. L’amende imposée s’élève présentement à 173 $. Mais la note pourrait augmenter à l’issue du projet, indique Mme Mauzerolle.
«On est super contents des résultats, mentionne l’élue. On espère attirer un changement de comportement, pour s’assurer qu’il n’y ait plus de blessés ni de décès. C’est un enjeu important de santé publique.»
Les axes ciblés sont la rue Saint-Denis, la rue Peel entre les rues Smith et Ottawa, l’avenue Laurier entre le boulevard Saint-Laurent et l’avenue Papineau, la rue McGill entre les rues Saint-Jacques et de la Commune, la rue de Verdun, la rue Adam dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, l’axe Prieur-Sauriol dans Ahuntsic, et l’axe du REV Viger/Saint-Antoine dans Ville-Marie et le Sud-Ouest.
L’initiative s’étendra ensuite à l’ensemble de la ville.
Sécurité d’abord
«Toute mesure qui visera à améliorer la sécurité des usagers et la fluidité des transports» est positive, réagit l’organisme Montréal Centre-Ville, un des gros joueurs dans le développement commercial de la métropole.
«On suit de près ce qui se fait ailleurs. Ce sont des choses qu’on voit dans les autres grosses villes comme Toronto, Vancouver et New York. Ce n’est qu’une bonne nouvelle qu’on encadre mieux ce qui se passe sur les pistes cyclables», soutient le directeur général de l’organisme, Glenn Castanheira.
Tout ce qui est bon pour les consommateurs l’est aussi pour les commerçants. Et la sécurité des clients en fait partie.
Glenn Castanheira, directeur général de Montréal Centre-Ville
L’organisme insiste toutefois sur le fait que la création de zones de livraison et d’espaces de stationnement est un «enjeu réel» au centre-ville. Montréal Centre-Ville compte se pencher sur ce dossier avec l’administration Plante.
Enjeu de mobilité
Sur les réseaux sociaux, le mot-clic #dansmapiste a été créé pour critiquer les automobilistes qui se stationnent dans les pistes cyclables. Le problème a récemment été soulevé dans Ahuntsic-Cartierville, alors qu’une remorque de construction bloquait une piste. Elle est demeurée en place même après avoir reçu un constat de la police.
«Les écoliers se rendaient à l’école seuls ou avec leurs parents sur la piste cyclable et devaient dévier dans la rue. C’est une situation qui n’est vraiment pas idéale. On met des pistes cyclables justement pour sécuriser les trajets des enfants», déplorait Samuel Milette-Lacombe, co-porte-parole de l’Association mobilité active Ahuntsic-Cartierville (AMAAC).
Le mot d’ordre au sein du SPVM est de remettre des constats d’infraction aux contrevenants. Sur le terrain, des organismes pour la mobilité déplorent toutefois qu’il soit rare que les policiers se déplacent pour ce type d’enjeu.
Avec la collaboration d’Isabelle Chénier