Montréal

Le taux directeur freine le marché immobilier, sauf à Montréal

Les prix de l’immobilier ne cessent d’augmenter à Montréal malgré les hausses récentes du taux directeur de la Banque du Canada, selon l’analyse la plus récente de la firme Royal LePage. Pourtant, d’autres marchés voient un essoufflement, voire un repli net.

Le prix d’une propriété a augmenté de +2,5% dans le Grand Montréal au deuxième trimestre de 2022, par rapport au trimestre précédent. La variation s’établit à +1,3% pour les condominiums et à +3,8% pour les maisons.

Cette hausse varie beaucoup d’un secteur à l’autre. Dans le centre de l’île, l’augmentation est de +1,5% (+0,8% pour les condos et +4,9% pour les maisons), de +1,8% dans l’est de l’île (+0,8% pour les condos et +2,7% pour les maisons) et de +2,9% dans l’ouest de l’île (+1,3% pour les condos et +3,4% pour les maisons).

Un marché baissier à Toronto et à Vancouver

La situation est bien différente dans les autres métropoles canadiennes. La région de Toronto a vu les prix des propriétés baisser de 8,1% (-3,3% pour les condos et -9,5% pour les maisons), tandis que dans la région métropolitaine de Vancouver, cette variation était de -4,1% (-5,4% pour les condos et -2,6% pour les maisons).

Au fil des annonces d’augmentation du taux directeur […], les acheteurs ont commencé à sérieusement réévaluer leur capacité financière, ce qui a eu comme effet de réduire leurs ardeurs et de ralentir la demande de propriétés en juin.

Marc Lefrançois, courtier immobilier agréé chez Royal LePage Tendance

Étant donné les fortes augmentations du premier trimestre, les prévisions de Royal LePage pour l’ensemble de 2022 visent une hausse du prix des propriétés de 3% à Toronto et de 5% à Vancouver, comparativement à 2021. Dans le Grand Montréal, la prévision est plutôt de 12,5%.

Cette tendance générale à la baisse de l’augmentation des prix de l’immobilier au Canada serait causée par les hausses du taux directeur de la Banque du Canada, selon Royal LePage. Une des conséquences de ces hausses est l’augmentation des taux hypothécaires. Ce qui réduit l’accès au crédit pour les acheteurs de propriétés.

Pour contrer l’inflation – qui a atteint cette année son plus haut niveau en près de 40 ans – la Banque du Canada a haussé son taux directeur trois fois de suite, pour un total de 125 points de base entre mars et la fin de juin 2022. En mai, cette inflation avait atteint les 7,7 %, au-dessus du taux cible de 2,0% fixé par la Banque du Canada.

La Banque du Canada doit d’ailleurs faire une mise à jour aujourd’hui. Plusieurs observateurs s’attendent à une nouvelle hausse du taux directeur, qui pourrait atteindre 2,5% à 3,5% d’ici le début de 2023. C’est ce que croit Bob Dugan, économiste en chef à la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).

Des vendeurs gourmands à Montréal

Pourquoi le taux directeur a-t-il eu un impact si fort sur les marchés immobiliers à Toronto et à Vancouver, mais pas à Montréal? «Les vendeurs, de leur côté, ne s’ajustent pas aussi rapidement [que les acheteurs] et continuent pour l’instant d’entretenir des attentes très élevées concernant la valeur marchande de leur propriété», souligne M. Lefrançois dans l’analyse de Royal LePage.

Pour autant, Royal LePage s’attend à entrer «dans un nouveau chapitre annonciateur d’une appréciation plus saine du prix des propriétés dans la région du Grand Montréal» d’ici les prochains mois.

Selon la SCHL, ce phénomène devrait durer quelques années. Elle prévoit un retour à la croissance d’ici à 2024, alors que les taux hypothécaires devraient se stabiliser.

«Soutenus par la hausse du revenu des ménages et de l’immigration, les prix des logements devraient retrouver une croissance positive, mais modérée», indique Bob Dugan.

Le cabinet de la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation n’avait pas donné suite à nos sollicitations au moment où nous écrivions ces lignes. À la Ville de Montréal, le cabinet de la mairesse Valérie Plante indique travailler fort pour l’abordabilité du logement. «Du côté de la Ville, nous nous assurons que les nouveaux développements fassent une place au logement social et au logement abordable via notre Règlement pour une métropole mixte, et nous sommes très actifs dans l’acquisition de terrains destinés à des projets de logements sociaux par des organismes porteurs», indique le cabinet.

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