Royal Victoria: des mères mohawks lancent une action en Cour supérieure
Une poursuite civile en Cour supérieure du Québec a été déposée par six mères mohawks de Kahnawake alléguant que des vestiges archéologiques ainsi que des sépultures anonymes pourraient se trouver sur le site de l’ancien hôpital Royal Victoria et de l’Institut Allan Memorial.
Les mères mohawks souhaitent faire suspendre immédiatement les travaux de l’ancien hôpital Victoria et de l’Institut Allan Memorial pour la construction du projet «Nouveau Vic» par l’Université McGill.
Selon elles, le site pourrait abriter des vestiges archéologiques du premier village iroquois précolonial. De ce fait, elles demandent au Procureur général du Canada et à l’Université McGill des financements pour la tenue de fouilles archéologiques.
«Les demandeurs et leur communauté subiront un préjudice irréparable, non indemnisable en dommages-intérêts, si la démolition projetée, la construction transformation des bâtiments et la réaffectation des abords […] ont lieu», peut-on lire dans les documents juridiques obtenus par Métro.
Selon elles, de tels travaux constitueraient «une offense extrême» en dérangeant leurs ancêtres.
Des sépultures anonymes près de la piscine Henry Lewis Morgan
En plus des vestiges archéologiques, les plaignantes souhaitent que le terrain entourant l’Institut Allan Memorial «[fasse] l’objet d’une enquête pour d’éventuelles tombes anonymes d’atrocités commises au cours du programme MK-Ultra, entre 1954 et 1963 par la CIA et le Canada».
Dans les années 1950, l’Institut Allan Memorial a été le théâtre d’expériences de contrôle mental menées par la Central Intelligence Agency (CIA). Des expérimentations humaines illégales s’y sont déroulées pour déterminer si des drogues et des techniques psychologiques pouvaient être utilisées dans le contrôle de l’esprit.
Elles expliquent être au courant d’allégations que des enfants autochtones et allochtones pourraient être inhumés dans les environs de la piscine Henry Lewis Morgan, de l’Institut Allan Memorial et des jardins Ravenscrag.
Dans les documents judiciaires, les mères mohawks se basent sur le témoignage de Lana Ponting, une autochtone résidente de Winnipeg et survivante de ces expériences. Elle était âgée de 16 ans au moment des faits.
«Lana Ponting et de nombreux autres membres de la famille des personnes soumises à des expériences psychiatriques à l’Université McGill soupçonnent fortement que des tombes anonymes comprenant potentiellement des enfants autochtones seront découvertes sous le terrain de Ravenscrag», peut-on lire dans les documents.
Les mères mohawks poursuivent ainsi le Centre universitaire de santé McGill, la Société québécoise des infrastructures, l’hôpital Royal Victoria, la Ville de Montréal, l’entrepreneur Stantec Inc. ainsi que le ministre de la Justice du Canada.