10 impacts du budget sur les Montréalais
Une aide financière aux Québécois pour contrer l’inflation a été, sans surprise, l’initiative vedette du dernier budget déposé par la Coalition avenir Québec (CAQ) avant la tenue des élections provinciales. Plusieurs autres mesures du budget Girard auront toutefois des impacts sur les citoyens de Montréal.
Logement de «qualité et abordable»
Québec investit 347 M$ dans la construction de 1000 nouveaux logements abordables d’ici cinq ans. La création de 3500 logements avait déjà été annoncée, incluant des investissements de 30 M$ dans le programme AccèsLogis à Montréal.
L’administration Legault aidera aussi 2200 locataires en difficulté, incluant des personnes itinérantes et des femmes victimes de violence, au moyen de «suppléments au loyer» mensuels.
Ces investissements sont toutefois largement insuffisants pour répondre aux besoins en logement dans la métropole, souligne le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). Lors de son élection, la CAQ avait promis la création de 15 000 logements sociaux. Environ 38 000 ménages locataires à faibles revenus sont en attente d’un logement à prix modique au Québec. «C’est scandaleux de constater à quel point le gouvernement minimise l’urgence des besoins», commente la porte-parole du FRAPRU Véronique Laflamme.
Par ailleurs, aucune mesure n’a été annoncée dans le budget Girard pour faciliter l’accès à la propriété, alors que le marché immobilier s’emballe depuis deux ans.
Organismes soutenus
Les organismes communautaires reçoivent 149 M$ de plus cette année. Cette somme supplémentaire leur permettra autant de financer des projets que d’assurer le maintien de leurs activités d’ici 2023. Une attention particulière est accordée à l’aide aux jeunes en difficulté (5,5 M$) et à la lutte contre la violence sexuelle et conjugale (18,8 M$).
Cette aide demeure insuffisante, selon le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale. «On ne peut que déplorer l’écart important entre les sommes attribuées aux maisons et les demandes présentées au ministre des Finances. Le budget annoncé aujourd’hui permettra de couvrir seulement le tiers des besoins que nous avions identifiés», dénonce la présidente du regroupement, Chantal Arseneault.
Les investissements du gouvernement ne couvriront que 25% des organismes, constate le Réseau québécois de l’action communautaire autonome (RQ-ACA).
Lutte climatique timide
La Ville de Montréal reçoit 117,2 M$ pour son plan climat qui s’échelonnera jusqu’en 2024. Les sommes investies doivent notamment favoriser la carboneutralité du parc immobilier municipal par le remplacement des énergies fossiles par des énergies renouvelables, et favoriser l’implantation de 800 bornes pour les véhicules électriques.
Pour cette année, les investissements du gouvernement en matière d’environnement totalisent 63,2 M$. C’est trop peu, dénonce l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) du Québec. «En contexte de flambée des prix du pétrole et de l’essence, les mesures qui visent à réduire la dépendance de l’économie québécoise aux énergies fossiles ne devraient pas être, comme le fait le gouvernement, reléguées au second plan», estime la chercheuse Julia Posca.
«Le gouvernement ne propose rien qui permettrait d’infléchir significativement les émissions, ni de mettre le Québec sur la bonne voie pour qu’au minimum il atteigne sa cible de réduction des GES pour 2030», se désole Greenpeace.
Vaincre la COVID-19
La gestion quotidienne de la COVID-19 par Québec occupe graduellement moins d’importance, mais les impacts du virus à long terme demeurent. Au moins 9000 patients présentent des symptômes post-COVID-19. Ceux-ci peuvent être divers, allant de la fatigue, des troubles de mémoire, d’une impression de brouillard cérébral, des maux de tête jusqu’à des douleurs musculaires et de l’essoufflement.
Quinze cliniques verront le jour au Québec afin d’offrir des soins spécialisés aux patients et d’effectuer de la recherche scientifique. Du nombre, on en comptera cinq situés à Montréal, à Québec et à Sherbrooke. Une somme de 20,5 M$ est prévue pour l’implantation de ces sites, dans lesquels on retrouvera divers spécialistes, comme des travailleurs sociaux, des infirmières et des physiothérapeutes.
De plus, un coussin de 1,7 milliard de dollars est prévu pour affronter de nouvelles vagues de la COVID-19. Ces sommes seraient destinées au dépistage, à la vaccination et à l’ajout de lits en centre hospitalier.
Moderniser la santé
Québec réserve 1 G$ à la refondation du système de santé. Sur cinq ans, ce sont 5,2 G$ qui seront investis. Parmi ces sommes, 778,6 millions de dollars sont alloués à des projets majeurs d’agrandissement et de réaménagement d’hôpitaux à travers le Québec, comme la modernisation de l’urgence de l’Hôpital Fleury à Montréal.
L’IRIS déplore que les investissements en soins de longue durée «soient peu détaillés, ou carrément faméliques». «Investir dans les services publics demeure un moyen efficace de retenir le personnel épuisé par deux ans de pandémie, mais aussi de soutenir la reprise économique sans creuser notre empreinte écologique», rappelle le chercheur Guillaume Hébert.
Les routes avant le transport collectif
Le nouveau Plan québécois des infrastructures (PQI) prévoit un investissement de 30,7 G$ dans le réseau routier, contre 13,4 G$ accordé aux transports en commun. Proportionnellement, la part d’investissement accordée aux transports en commun a diminué au cours des trois dernières années dans le budget Girard.
L’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) se réjouit toutefois des investissements accordés. «Ce financement nous permet de confirmer que le niveau de service sera au rendez-vous en 2022 dans la région métropolitaine de Montréal, indique le directeur général Benoit Gendron. C’est une excellente nouvelle pour les usagers qui s’apprêtent à revenir dans les transports collectifs.»
Le programme Roulez vert, dont l’objectif est de promouvoir l’achat de véhicules électriques, est reconduit. Les sommes accordées aux citoyens s’avèrent toutefois moins généreuses qu’auparavant.
Par exemple, un rabais de 7000 $ est offert à l’achat d’un véhicule entièrement électrique neuf, un montant qui s’élevait précédemment à 8000 $.
Des écoles en piteux état
Au cours de la dernière année, la proportion d’écoles en mauvais état est passée de 56 à 59%. Aucun investissement n’est prévu par Québec pour pallier cette dégradation. Le gouvernement avait prévu de réduire la proportion d’écoles en mauvais état à 50%, mais cela «sera difficilement réalisable», peut-on lire dans le PQI.
La CAQ se penchera toutefois sur le maintien de la qualité de l’eau et de l’air dans les classes, un problème constaté lors des dernières vagues de pandémie. Une somme de 267 M$ est débloquée au budget à cet effet pour les cinq prochaines années.
Dawson écarté
Le projet d’agrandissement du cégep Dawson de Montréal a été écarté du PQI. L’ajout de locaux pour mieux servir la clientèle actuelle de l’établissement devait coûter 100 M$.
Au total, ce sont 200 M$ supplémentaires qui ont été accordés au ministère de l’Éducation dans le PQI. D’ici 2027, 4,4 M$ seront investis dans la Chaire de recherche Jacques-Parizeau et le Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal. Le Centre de recherches mathématiques à l’Université de Montréal recevra 1,5 M$ d’ici la fin de 2023.
Une hausse des frais de scolarité sera annoncée au cours des prochaines semaines par la ministre de l’Éducation supérieure, Danielle McCann. Celle-ci ne devrait pas être substantielle, a assuré le ministre Girard.
Le gouvernement investit toutefois 342 M$ dans divers programmes de prêts et bourses pour pallier cette hausse.
Faciliter l’accès à l’international
Québec veut augmenter le nombre de vols directs en partance de l’aéroport Montréal-Trudeau. Une somme de 10 millions sera consacrée à financer les efforts de démarchage de l’industrie touristique auprès de transporteurs. Selon la CAQ, l’investissement permettra d’améliorer la compétitivité économique du Québec en réduisant la longueur des vols et leur fréquence.
Dans cette perspective, des vols directs de Montréal vers le Japon et la Chine avaient été instaurés.
L’administration Legault veut aussi étudier la possibilité de concevoir une aire de services de prédédouanement à la gare Centrale de Montréal pour les trajets vers New York. En train, le passage aux douanes peut parfois durer d’une à deux heures.
Relancer la culture
Deux secteurs grandement affectés au cours des derniers mois, le tourisme et la culture, se partagent une enveloppe de 508 M$. Une somme de 113 millions est destinée à «promouvoir la destination touristique québécoise» et à «accompagner les régions touristiques et leurs entreprises».
Un investissement de 258 millions sur trois ans est annoncé en culture dans le budget. Cette somme permettra notamment le maintien de mesures de soutien et des investissements dans le Fonds d’urgence pour les artistes et les travailleurs culturels des arts de la scène.
La Ville de Montréal, satisfaite de ces nouvelles mesures
La Ville de Montréal a dit accueillir favorablement le budget 2022-2023 du gouvernement du Québec, qui répond selon elle à plusieurs priorités des Montréalais. La bonification de l’aide à l’urgence du transport en commun et le financement pour la réalisation de logements sociaux sont deux des initiatives qui ont été saluées par la mairesse Valérie Plante. Les investissements promis en culture, en tourisme et en recherche universitaire ont également été bien accueillis. L’administration Plante aurait toutefois souhaité qu’outre ces investissements, des sommes spécifiques du budget soient accordées pour propulser la relance économique de la métropole, dont son centre-ville.