Alors que plus de 30% des Montréalaises enceintes ne bénéficient pas d’une prise en charge au cours de leur premier trimestre de grossesse, le gouvernement du Québec lance une nouvelle plateforme visant à aider les femmes enceintes de la province à trouver rapidement des services adaptés à leurs besoins.
Lancé tout récemment, «Ma grossesse» est un service gouvernemental gratuit et confidentiel qui inclut un formulaire d’avis de grossesse.
Son objectif est d’identifier les femmes enceintes de façon précoce pour leur offrir les services dont elles ont besoin dès le premier trimestre, afin de réduire notamment l’exposition à des facteurs de risque pendant la grossesse, des conséquences d’une malformation congénitale et d’une maladie génétique chez le bébé.
«Il faut prendre en charge la santé globale de la femme enceinte, autant la santé physique que la santé mentale, soutient Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal et chercheuse au Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO). On peut détecter très rapidement des enjeux de santé et les atténuer quand on les prend assez tôt.»
Disparités
Mme Borgès Da Silva est coauteure d’une étude du CIRANO mandatée par la Direction régionale de santé publique (DRSP) de Montréal. Les chercheurs ont analysé le délai du premier suivi médical de grossesse.
Un des principaux constats de l’étude est qu’au Québec, près d’une femme sur quatre (23,5%) ne bénéficie pas d’un suivi obstétrical de grossesse au premier trimestre.
Montréal serait par ailleurs la région présentant le taux le plus bas, alors que seulement 68,9% des femmes enceintes seraient prises en charge dans les 14 premières semaines de leur grossesse, comme cela est recommandé.
On observe par ailleurs plusieurs disparités à travers la métropole. Le secteur de Parc-Extension présente par exemple un taux de prise en charge de seulement 55,2% au premier trimestre, alors qu’à l’autre bout du spectre, Lachine trône en tête de liste avec 79,3% des femmes enceintes prises en charge au cours des 14 premières semaines de grossesse.
Les secteurs de Montréal-Nord, Pointe-aux-Trembles et Rivière-des-Prairies présentent quant à eux des taux de prise en charge respectifs de 66,1%, de 66,5% et de 74,1%.
Selon Mme Borgès Da Silva, divers facteurs influent sur ces disparités, dont la défavorisation sociale et l’immigration récente.
L’âge de la mère entre aussi en jeu; les femmes plus jeunes (15 à 19 ans) ou plus âgées (45 à 49 ans) seraient celles les moins prises en charge.
Une solution?
«Plusieurs femmes n’ont pas accès à un médecin de famille, cognent à plusieurs portes et ne savent pas trop comment trouver quelque un qui va les suivre, explique Roxane Borgès Da Silva. Si on peut améliorer la rencontre de l’offre et de la demande sur le marché des soins obstétriques, ce serait extraordinaire. Et ce registre va sûrement le faciliter.»
Or, elle ajoute qu’il sera important de s’assurer de trouver la main-d’œuvre qui va offrir un suivi aux femmes enceintes. Elle donne en exemple le service Guichet d’accès à un médecin de famille (GAMF), où les usagers peuvent attendre longtemps pour être jumelés à un médecin.
«Il va falloir que le système soit agile, réactif, et rapide. Ce ne sera pas suffisant de juste faire une inscription; il va falloir que le gouvernement s’assure de pouvoir fournir les services dans un délai raisonnable.»