Les pompiers font beaucoup plus qu’éteindre les feux. À Montréal, plusieurs équipes du Service de sécurité incendie (SIM) sont spécialisées dans le sauvetage sur glace. Ces pompiers effectuent des entraînements en continu, même lorsque le mercure affiche -30 degrés Celsius.
Depuis le début de l’année seulement, les équipes du SIM ont effectué 11 interventions sur glace. Les équipes de sauvetage sur glace ont pour mission de porter secours à toute personne qui se trouve en difficulté sur un plan d’eau en période hivernale. Environ 200 pompiers sont spécialisés pour réaliser des opérations de sauvetage sur glace sur tout le territoire montréalais.
Ce service est offert par les casernes 15 (Le Sud-Ouest) 35 (Ahuntsic-Cartierville) 38 (Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles) 57 (Pierrefonds-Roxboro) et 64 (Lachine). Les casernes spécialisées sont localisées stratégiquement dans des secteurs où il y a des accès à l’eau.
Ce sont les pompiers de Lachine qui effectuent le plus grand nombre de sauvetages sur glace, puisque le port de l’arrondissement est très prisé. Les équipes de la caserne du Sud-Ouest sont également très occupées. Elles servent tout le secteur du Vieux-Port, où il y a plus de tentatives de suicide dans le fleuve.
«Même si on est bien habillé, bien entraîné, ça reste que l’hiver, l’hypothermie ne donne aucune chance. Après deux ou trois minutes dans l’eau glacée et à être dans un courant, la panique s’installe et on hyperventile. La mort devient une question de secondes.»
François Vincent, chef de division des opérations spécialisée du SIM
Entraînement
Huit autres casernes se spécialisent dans le sauvetage nautique, qui diffère du sauvetage sur glace. Les équipes de sauvetage nautique restent toujours dans une embarcation et naviguent sur tout le plan d’eau. «Le sauvetage sur glace est un hybride. Parfois les pompiers vont se déplacer seulement sur le couvert de glace et parfois ils vont naviguer», explique le chef de division des opérations spécialisées du SIM, François Vincent.
Il connaît bien le sauvetage sur glace comme il a fait partie d’une équipe pendant 29 ans. «J’ai connu ce qu’est être dans l’eau froide et pratiquer toute l’année», assure M. Vincent.
Les pompiers portent des combinaisons spéciales pour éviter l’hypothermie. Ils suivent tous des formations pour maîtriser l’équipement, par exemple pour forer les glaces et détecter son épaisseur. Ces entraînements leur permettent aussi de pratiquer les différentes techniques de sauvetage, de se familiariser avec les différents types d’embarcations du SIM et d’apprendre à gérer l’hypothermie.
Les sauveteurs participent à au moins quatre formations chaque hiver. Des sorties d’une durée de trois heures et plus qui se déroulent la plupart du temps sur un plan d’eau naturel.
Différents bateaux sont utilisés par les équipes. Un canot, par exemple, est fait spécifiquement pour aller entre les glaces et l’eau. «Le bateau rembarque comme un phoque sur la banquise. Les pompiers poussent le bateau un pied à l’extérieur et un genou à l’intérieur», décrit François Vincent.
En tout temps, les pompiers sont ancrés pour ne pas partir à la dérive. Pour secourir une personne en détresse, un pompier est accroché au bateau. Sinon, deux ou trois sauveteurs sont accrochés ensemble à partir de la glace forée avec des vis. «Sans cela, s’il y a du courant, les pompiers pourraient être emportés sous les glaces», précise M. Vincent.
Conseils de sécurité
Parmi les activités à risque l’hiver, on compte le kitesurf, qui est de plus en plus populaire, et le surf, notamment pratiqué dans les rapides au sud de la ville. Les gens qui s’y aventurent se mettent eux-mêmes à risque, indique François Vincent. «Outre l’eau glacée, il y a les glaces qui ne pardonnent pas non plus. Une glace qui se détache et qui heurte quelqu’un peut l’amener dans le fond de l’eau ou la rendre inconsciente», alerte-t-il.
Les personnes qui s’improvisent pêcheurs sans connaître les conditions de la glace se mettent aussi en danger. Ils doivent pêcher là où l’activité est encadrée.
Près des berges, on peut souvent apercevoir des sentiers formés par les nombreux marcheurs à quelques pas de la terre ferme. Marcher sur la banquise, même en eau peu profonde, est à proscrire sauf si le lieu est balisé.
«L’hiver, les températures fluctuent. Il y a des courants d’eau qu’on ne voit pas qui sont sous l’eau. Ces courants vont désagréger la glace et l’amincir. La glace n’est jamais égale. On peut se retrouver à un endroit où elle est très épaisse, et un peu plus loin on peut passer au travers», souligne M. Vincent.
Si des gens veulent tout de même s’aventurer sur le fleuve pour une quelconque activité, ce que déconseille le chef des opérations spécialisées du SIM, le minimum est de porter une veste de sauvetage et d’être toujours accompagné. Le plus sécuritaire est de profiter des activités hivernales offertes par la Ville de Montréal.