Vaccination 5-11 ans: l’écart se creuse entre les secteurs de Montréal
Alors que la vaccination contre la COVID-19 pour les enfants de 5 à 11 ans a été instaurée il y a un peu plus de huit semaines au Québec, l’écart entre certains secteurs de Montréal s’accentue. Ainsi, si près de 40% des enfants de Westmount sont doublement vaccinés, seulement 28,6% des jeunes de 5 à 11 ans de l’arrondissement de Saint-Léonard ont reçu une première dose de vaccin.
Cette proportion est fortement en dessous de la moyenne montréalaise de 54% pour les enfants ayant reçu une première dose, plaçant ainsi ce secteur de l’est de Montréal en bon dernier sur la liste des arrondissements en matière de vaccination.
Le taux de vaccination à une dose peine également à augmenter dans le secteur de Montréal-Nord, qui se classe avant-dernier dans la métropole. Si la proportion d’enfants de 5 à 11 ans ayant reçu leur première dose (39,2%) est plus élevée qu’à Saint-Léonard, elle reste toutefois 15 points en dessous de la moyenne à Montréal.
Selon les plus récentes données de la Santé publique de Montréal, le taux d’inoculation à deux doses pour les 5 à 11 ans n’atteint que 10,2% à Saint-Léonard et 11% à Montréal-Nord.
Des différences socioculturelles
Dans d’autres secteurs, comme ceux de Westmount (70,6%), Montréal-Ouest (76,4%) ou encore Rosemont–La Petite-Patrie (64%), le constat est bien différent.
Moins présente dans ces secteurs, l’appartenance à une minorité culturelle pourrait être un facteur qui pèse dans la balance quand il s’agit de se faire vacciner, selon le chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) Raphaël Langevin.
«Il y a une réticence plus grande, affirmait-il à Métro l’été dernier. Je ne pourrais pas dire jusqu’à quel point, mais le son de cloche qu’on a sur le terrain de la part des centres de vaccination du ministère de la Santé, c’est que l’ensemble des minorités visibles sont plus réticentes, à des degrés variables.»
La barrière linguistique et culturelle ainsi que la sous-représentation de ces communautés dans les essais cliniques liés au vaccin pourraient contribuer à renforcer cette réticence.
«Tout ce qu’on entend par rapport aux potentiels effets secondaires des vaccins résonne deux à trois fois plus chez ces communautés-là à cause du contexte historique.»
Encourager la vaccination
Afin d’encourager la vaccination sur son territoire, le CIUSSS de l’Est-de-l‘Île-de-Montréal met actuellement en place plusieurs initiatives.
«Des actions ont été réalisées et d’autres sont également en cours. D’ici les prochains jours, nous allons annoncer le début de la vaccination dans certains CLSC où les taux de vaccination sont les moins élevés», explique Christian Merciari, relationniste médias pour le CIUSSS de l’Est-de-l‘Île-de-Montréal.
À noter également que la vaccination scolaire des 5-11 ans se poursuit, et que le CIUSSS a indiqué «suivre ces chiffres de près».
Je comprends que certains parents soient réticents [à faire vacciner leur enfant]. Mais après des millions de doses administrées et au vu des données fournies par les plus récentes études, on peut aujourd’hui affirmer que la sécurité du vaccin a été démontrée pour ce groupe d’âge.
Jesse Papenburg, pédiatre infectiologue et microbiologiste à l’Hôpital de Montréal pour enfants.
Parallèlement, des intervenants iront également sur le terrain au cours des prochaines semaines afin de rencontrer la population et de l’informer sur les enjeux liés à la vaccination.
«Nous reconstituons des brigades qui, à nouveau, iront faire du porte-à-porte et faire de la sensibilisation afin de répondre aux questions et motiver ceux qui auraient encore des hésitations.»
Un webinaire avait été organisé au courant du mois de décembre pour répondre aux questions des parents des enfants de 5 à 11 ans. Le CIUSSS de l’Est a indiqué étudier la possibilité d’en organiser un deuxième prochainement.
Avec les informations de Naomi Gelper.