La décision de reporter jusqu’à nouvel ordre la réouverture, le soir et la nuit, de l’urgence de l’Hôpital de Lachine fait des mécontents. Le président du Conseil des médecins, dentistes, pharmaciens (CMDP) du centre hospitalier, Paul Saba critique le Centre universitaire de santé McGill (CUSM), qui a annoncé vendredi que l’urgence ne reviendrait pas, comme prévu, à l’horaire normal lundi.
Dans un communiqué, le CUSM avait annoncé qu’il s’agit «d’une décision difficile, mais nécessaire à cause de la cinquième vague de la COVID-19, des éclosions à l’hôpital et du nombre d’employés malades.»
S’il dit reconnaître qu’il y a une pénurie de main d’oeuvre en raison de la COVID-19, le Dr. Saba estime toutefois que les salles d’urgence sont des services essentiels.
«On ne doit jamais faire de délestage en fermant les urgences. C’est le cœur de l’hôpital et aussi la porte d’entrée. Le CUSM n’avait pas le droit fermer l’urgence partiellement sans l’approbation du gouvernement. Ils continuent d’utiliser des travailleurs de la santé des urgences pour les partager ailleurs. C’est inexcusable», s’insurge-t-il.
Citant notamment une étude publiée en 2014 dans le Journal of Health Affairs, le Dr. Saba affirme qu’il existe un risque accru pour les résidents d’un secteur touché par la fermeture d’une salle d’urgence dans un hôpital communautaire.
L’étude que mentionne le Dr. Saba conclurait à une hausse du taux de mortalité de 5% chez les patients californiens affectés par la fermeture des urgences dans leur communauté après avoir été admis dans un hôpital voisin.
Cette hausse serait été encore plus prononcée pour les situations dans lesquelles le facteur temps joue un rôle clé comme les crises cardiaques (15%), les accidents vasculaires cérébraux (10%) et les infections entraînant une septicémie (8%). Les résultats de l’étude suggèrent également que la fermeture d’urgences pourrait entraîner un taux de mortalité plus élevé dans les communautés incluant un plus grand nombre de personnes issues de minorités visibles ou à faible revenu.
«La recherche a démontré que les gens qui vivent en proximité d’un hôpital communautaire fermé, que les gens qui ont besoin de soins, des gens plus à risque, défavorisés, des gens qui n’avaient pas les moyens de se transporter ailleurs, mourraient chez eux ou ils attendaient si longtemps qu’ils pourraient mourir en se transportant ailleurs. Ou ils mourraient dans les urgences quand finalement ils y arrivaient. Lachine est comme une région éloignée. On a un grand pourcentage de gens défavorisés et plus âgés», soutient le Dr. Saba.
Rappelons que le centre hospitalier fonctionne selon un horaire réduit depuis le 7 novembre dernier en raison d’un manque de personnel infirmier et d’inhalothérapeutes.