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Vent d’optimisme chez les restaurateurs

Une terrasse achalandée du Vieux Montréal, près du centre-ville.
Photo: Archives Métro

Dès aujourd’hui, les restaurants peuvent accueillir les clients sur leur terrasse. La fébrilité est palpable chez les propriétaires qui attendaient ce moment depuis des mois.

À Verdun, les restaurateurs envisagent un fort achalandage, d’autant plus que la rue Wellington sera de nouveau piétonne dès le 1er juin.

«On s’attend à un départ assez canon, indique le copropriétaire du Verdun Beach, Philippe Jacquelin. On pense que les gens ont envie de sortir.»

Il estime que plusieurs seront prêts à dépenser un peu plus qu’à l’habitude puisque cela fait longtemps qu’ils n’ont pas vécu une expérience gastronomique en bonne et due forme. D’ailleurs, le Verdun Beach s’est doté d’un nouveau comptoir à huîtres sur sa terrasse avant. Le but est d’amener une ambiance festive et décontractée.

À la Molisana, restaurant italien sur la rue Fleury Est, les ouvriers sont affairés à mettre en place une immense terrasse. Pour la propriétaire Giovanna Giancaspro, c’est le symbole de la reprise tant attendue.

Pour maintenir son commerce ouvert, elle n’a cessé de s’adapter. En plus des plats à emporter, elle a ajouté une épicerie fine et un café.

«Si vous ne pouvez pas aller en Italie, l’Italie vient à vous», lance-t-elle. Elle fait son propre tiramisu et ses crèmes. Elle propose un expresso qui dit-elle, manquait à la rue Fleury.

«La pandémie nous a donné le temps de nous arrêter pour mieux repartir», croit-elle. Ce nouveau départ est illustré par la modernisation mise en place dans un établissement qui existe depuis 38 ans et que fréquentait Maurice Richard. Mme Giancaspro s’est dotée d’un système informatique qui permet de saisir sur tablettes les commandes qui sont communiquées instantanément à la cuisine.

Alors qu’elle a du mal à trouver du personnel, elle est convaincue qu’un tel outil l’aidera à faire face à l’affluence.

«Je peux moi-même, avec une étudiante, servir trente clients», assure-t-elle.

Bémols et appréhensions

Stéphanie Bouchard, qui tient Le petit flore, dans Ahuntsic-Cartierville, accueille l’ouverture des terrasses avec prudence.

Elle n’en avait pas avant la pandémie. Mais elle a tenté l’expérience en 2020 puisque les restaurants étaient encouragés à le faire. Elle ouvrira cette fois la première semaine de juin.

Elle sait toutefois que cela ne remplacera pas ses 80 clients qu’elle peut servir à la fois dans ses salles à manger.

«On n’atteint pas pantoute les chiffres habituels. La terrasse telle que configurée avec les normes sanitaires, ce sera 26 personnes, plus une trentaine à l’intérieur quand on passera en zone orange et je ne pourrais pas ouvrir le bar à pleine capacité», énumère-t-elle.

Mais plus que cette réduction du nombre client, la difficulté à recruter du personnel risque aussi de lui nuire.

Les restaurateurs rencontrés à Verdun ne craignent pas de nouvelles fermetures. «Je pense qu’avec la vaccination, la situation sera différente de l’année dernière», évoque le copropriétaire du Bar Social Verdun, Alex Lejeune.

Selon lui, le yoyo des ouvertures et fermetures serait très dommageable pour l’industrie de la restauration.

Au restaurant Beba, on espère ne pas être contraint de fermer, mais le copropriétaire Ariel Schor indique être prêt si c’était le cas. «Nous sommes préparés pour fermer et continuer à faire le take out si ça arrive», dit-il.

La main-d’œuvre, un problème

Maude Théroux-Seguin possède avec son conjoint trois restaurants sur Fleury Ouest, Les Cavistes, Frites alors et Cerise café-buvette.

Les terrasses, elle connait bien puisque chaque année, pandémie ou pas, elle en installait. Elle sait tout de même que ce n’est pas cela qui égalera le nombre de clients habituels.

Sa plus grande crainte, c’est de perdre ses employés. Dès lors, elle a décidé qu’elle n’ouvrira que cinq jours par semaines et n’offrira le diner que trois jours. «On est capable de travailler avec un horaire réduit pour ne pas épuiser nos gens», admet-elle.

Faute de personnel disponible, elle ne peut offrir de vacances cet été. «La pénurie, notamment en personnel qualifié, tout le monde la vit. Il n’y a pas un secteur de la ville ou un type de restauration qui est concerné en particulier», constate-t-elle.

Elle espère aussi que ce retour soit le début d’un recommencement.

«On ne vend pas seulement de la nourriture, on offre un moment, une expérience. On est dans la business de la convivialité», observe-t-elle.

Météo

Les conditions météorologiques apportent toujours un lot d’incertitudes pour les détenteurs d’un permis de terrasse. Cette année, un stress est ajouté puisque les clients ne peuvent pas migrer à l’intérieur, advenant un orage.

Au Verdun Beach, 25 places seront à l’abri des intempéries sur la terrasse arrière qui est couverte d’un toit. Pour les tables à l’avant toutefois, il faudra être aux aguets de la météo. «C’est beaucoup de gestion avoir une terrasse et ce l’est encore plus quand tu n’as pas de salle à manger à l’intérieur», explique M. Jacquelin.

L’an dernier, les clients du Bar Social Verdun étaient tout de même au rendez-vous lors de fine pluie. Le bar s’est doté de plus de parasols cette année pour accommoder les gens, mais M. Lejeune est conscient que cela ne suffira pas lors de plus grandes intempéries.

«Les orages risquent de nous affecter pas mal. Mais après presque un an de fermeture complète, on va vivre avec les journées de pluie», relativise Alex Lejeune.

Avec la collaboration d’Amine Esseghir.

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