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Concordia refuse d’accueillir des itinérants dans ses résidences étudiantes

coronavirus Université Concordia
La résidence étudiante Maison mère des Soeurs grises de l'université Concordia. Photo: Josie Desmarais/Métro

Malgré une forte mobilisation populaire, l’Université Concordia ne transformera pas ses résidences étudiantes en un refuge temporaire pour les personnes en situation d’itinérance. Pendant ce temps, les ressources d’urgence en place à Montréal sont au bord de la saturation.

Étudiant en marketing à l’Université Concordia, David Desjardins s’intéresse à l’enjeu de l’itinérance à Montréal depuis plusieurs années. «Même quand j’étais enfant, j’ai fait du bénévolat à la Mission Old Brewery, donc je me suis toujours intéressé à la chose», raconte-t-il en entrevue à Métro, mardi.

Tout comme la Ville et plusieurs organismes, le jeune homme a accueilli avec consternation la hausse rapide du nombre de sans-abris à Montréal depuis le début de la pandémie. Les 1734 places d’urgence déployées cet hiver pour les itinérants accusent d’ailleurs un taux d’occupation de 93% actuellement, confirme d’ailleurs à Métro le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.

C’est donc dans ce contexte que l’étudiant a lancé une pétition à la fin du mois de janvier. Celle-ci demande à l’Université Concordia de transformer les résidences étudiantes aménagées dans l’ancien couvent des Soeurs grises en un refuge temporaire pour les itinérants. Cet imposant bâtiment est vide depuis le printemps dernier, en raison de la pandémie.

«Je voulais proposer un moyen d’éviter à des gens de mourir», laisse tomber M. Desjardins.

À sa grande surprise, sa pétition a recueilli près de 14 000 signatures en quelques semaines.

«Je ne m’attendais pas à ce que les gens se mobilisent autant. Je n’ai jamais vu les gens se mobiliser autant pour une cause comme celle-ci», se réjouit l’étudiant au baccalauréat.

Impossible, tranche Concordia

Contactée par Métro, l’Université Concordia confirme avoir «exploré» la possibilité d’utiliser ses résidences étudiantes «comme élément de solution avec la ville de Montréal». L’établissement a toutefois constaté que ses résidences «ne sont malheureusement pas aménagées pour servir de refuge dans leur état actuel», indique une porte-parole, Vannina Maestracci.

«L’aménagement de nos résidences – où les gens partagent salles de bain, salles à manger et espaces communs – ne se prête pas facilement à la distanciation sociale», précise-t-elle par courriel. Des réparations sont par ailleurs en cours dans ce bâtiment, ajoute la porte-parole.

Face à ce refus de l’Université Concordia, David Desjardins a mis à jour sa pétition dans les derniers jours pour demander aux citoyens de presser la Ville de mettre en place de nouveaux refuges d’urgence pour les itinérants.

L’étudiant s’inquiète d’ailleurs que l’administration municipale et la Santé publique tardent à présenter leur plan d’action en itinérance pour la période qui suivra le 31 mars. Il s’agit de la date butoir pour les mesures d’urgence mises en place cet hiver pour soutenir les itinérants.

«L’itinérance ne disparaîtra pas comme par magie après le 31 mars», a d’ailleurs lancé mardi matin le porte-parole d’Ensemble Montréal en matière d’itinérance, Benoit Langevin. En séance du conseil municipal, il a pressé l’administration de Valérie Plante de présenter son «plan» à cet égard.

Un plan en itinérance «très bientôt»

En réponse, Nathalie Goulet, la conseillère responsable de l’itinérance au sein de l’administration Plante, a indiqué avoir acheminé à Québec ses demandes quant aux ressources qui devraient être en place dans la métropole après cette date butoir, qui symbolise l’arrivée du printemps.

«Nous aurons l’occasion de présenter les détails de ce plan à court terme très bientôt, une fois que tout sera stabilisé», a ajouté Mme Goulet.

Contacté par Métro, un porte-parole du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Jean-Nicolas Aubé, a indiqué que des discussions sont toujours en cours «avec les partenaires communautaires» au sujet de ce plan de match. Il est donc trop tôt pour en connaître les détails.

Le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) espère pour sa part que la Santé publique et la Ville cesseront de miser sur des «ressources massives» pour accueillir les itinérants.

Actuellement, l’hôtel Place-Dupuis, situé au centre-ville, peut notamment accueillir 380 personnes. La halte-chaleur du Grand Quai du Port de Montréal a elle aussi une capacité de plusieurs centaines de personnes.

«On souhaite des mesures plus petites, locales, pour éviter les déplacements d’un arrondissement à l’autre [des itinérants]», explique la directrice générale du RAPSIM, Annie Savage. Elle espère aussi un recours réduit aux gardiens de sécurité dans ces ressources. 

«On doit avoir des modèles plus respectueux des [itinérants]», ajoute-t-elle.

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