Il faut rayer l’automobile des villes, propose un nouveau livre
L’automobile «est un piège» et notre vision du transport urbain, qui lui accorde encore trop de place, nous mène tout droit vers un cul de sac, fait valoir Olivier Ducharme dans son nouveau livre «Ville contre automobiles». Métro s’est entretenu avec l’auteur.
Olivier Ducharme, également chercheur à l’Observatoire de la pauvreté et des inégalités au Québec, ne mâche pas ses mots pour parler de l’impact de l’automobile sur notre société. Pour lui, il s’agit de l’invention du 20e siècle «la plus dommageable pour la vie humaine». Il propose la solution radicale de les expulser graduellement des villes.
Pour ce faire, il faudrait placer les transports collectifs au centre de la planification urbaine, tout en remettant de l’avant la marche comme moyen de locomotion. «C’est une visée qui est à moyen et long termes et qu’on devrait tout de suite avoir en tête», soutient-il.
Environnement et qualité de vie
Pour l’auteur, la question environnementale devrait à elle seule suffire pour que l’on adopte dès maintenant cette vision.
«Présentement, les émissions de gaz à effet de serre diminuent au Québec, mais le seul secteur où il y a une augmentation à chaque année, c’est le transport, et ça augmente parce qu’il y a beaucoup trop de voitures.»
Mais si cet argument ne saurait vous convaincre, peut-être serez-vous davantage choqué de constater à quel point ce mode de transport affecte la vie quotidienne des citadins, comme le démontre M. Ducharme.
«On manque beaucoup d’espace dans la villes. Dans les 50 dernières années, couper les trottoirs pour agrandir les routes, ça s’est fait souvent. On coupe pour avoir plus de béton qui, à long terme, n’est pas bon pour la santé humaine, en plus du stress et du bruit liés à la voiture. C’est une dégradation continuelle des villes liée à l’automobile.»
L’acceptabilité sociale, un défi
Bien que certaines formations politiques du Québec mettent de l’avant les modes de transport collectifs et actifs, il n’y en a aucune actuellement dont le programme s’attaque au nombre de voiture sur les routes, estime M. Ducharme.
«Ce n’est pas une position qu’un politicien pourrait prendre en ce moment parce que ce n’est pas assez populaire. La voiture est tellement ancrée dans notre milieu social, vu que l’aménagement urbain s’est fait autour de la voiture depuis 50 ans.»
Pour lui, les nombreux projets de transport en commun lancés et envisagés par le gouvernement seront largement insuffisants pour renverser les phénomènes néfastes provoqués par la voiture tant qu’ils ne viseront pas concrètement à faire chuter le nombre d’automobiles dans les villes. D’autant plus que certains projets, dont le «troisième lien» à Québec, montrent que les décideurs continuent d’opter pour une voie sans issue, selon lui.
«Si on investit autant dans le transport en commun que dans le transport individuel comme on le fait présentement, les deux solutions ne vont mener à rien», pense M. Ducharme.
«Ville contre automobiles» est publié chez Écosociété.