Des pistes cyclables et des rues piétonnes temporaires pourraient faire leur retour cet été, à l’image des voies actives sécuritaires (VAS) mises en place l’an dernier. Plusieurs défis attendent toutefois la Ville.
L’été dernier, le projet des VAS a vu le jour à Montréal afin de faciliter le respect de la distanciation physique dans le contexte de la pandémie. Bien que certaines de ces voies piétonnes et cyclables temporaires ont fait l’objet de vives critiques, les résultats d’un sondage de la Ville publiés l’automne dernier font état d’un accueil positif de cette initiative pour une forte majorité de répondants.
«Normalement, la Ville est assez réticente à faire des aménagements temporaires, de faire ça vite. Mais maintenant, on sait qu’on est capable», a souligné mercredi la conseillère associée aux transports actifs au comité exécutif, Marianne Giguère. Cette dernière a pris part en avant-midi à une conférence virtuelle organisée par Héritage Montréal portant sur l’aménagement du territoire et la santé publique.
Le retour des rues piétonnes
Selon des données de la Ville, plusieurs VAS ont connu un fort achalandage l’an dernier. C’est notamment le cas de l’avenue du Mont-Royal et de la rue Wellington, à Verdun, qui ont chacune accueilli quotidiennement des milliers de passants pendant l’été.
Face à ce constat, plusieurs sociétés de développement commercial de la métropole envisagent de renouveler cette expérience en transformant leur artère commerciale en une rue piétonne l’été prochain, a confié Mme Giguère. En fait, la Ville pourrait même devoir décliner certaines requêtes en ce sens, tant la demande est forte.
«Ça a été un tel succès, entre autres sur le plan du chiffre d’affaires, que maintenant tout le monde en veut [des rues piétonnes]. Mais on ne peut pas faire ça sur toutes les artères. Ce n’est pas juste une question de circulation, mais aussi de ressources», a évoqué Mme Giguère.
L’an dernier, l’administration municipale a déboursé environ 5 M$ dans la mise en place des VAS et des corridors sanitaires. La création d’une rue piétonne force par ailleurs la mise en place de détours pour les autobus de la Société de transport de Montréal, ce qui crée un «casse-tête logistique», a indiqué l’élue.
Quant aux impacts économiques des VAS, les résultats d’une étude menée par la Ville seront publiés «incessamment», a indiqué Mme Giguère.
«La situation de pandémie a fait exploser ce désir de réappropriation de la rue et de l’espace publique.» -Marianne Giguère, conseillère associée aux transport actifs au comité exécutif
Des VAS «permanentes»
Certaines pistes cyclables temporaires mises en place l’été dernier pourraient aussi faire leur retour à temps pour la prochaine saison estivale.
«On peut penser que l’été 2021 va ressembler un peu à l’été 2020 dans le sens où on n’aura sans doute pas vacciné assez de monde pour revivre dans une situation qui ressemblerait à la normalité», a déclaré Mme Giguère. Les Montréalais devront continuer de respecter une certaine «distanciation» sur la voie publique, estime-t-elle.
Dans ce contexte, «c’est certain» que des VAS pourraient faire leur retour cet été. Certaines d’entre elles pourraient même devenir «permanentes», a affirmé l’élue de Projet Montréal.
La Ville entend toutefois améliorer la façon dont elle gèrera la mise en place de tels aménagements, l’été prochain. En entrevue à Métro, en décembre, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, avait reconnu avoir agi «vite» sur les VAS et ne pas avoir convenablement informé la population sur ces aménagements.
«Ça va être fait différemment [cette année]», a assuré Marianne Giguère.
Iniquité territoriale
Des experts présents à cette conférence virtuelle ont toutefois soulevé une certaine «iniquité territoriale» à Montréal dans l’accès à ce type d’aménagements sur la voie publique, comme c’est le cas dans la répartition des espaces verts dans la métropole.
«Les Montréalais ont vraiment besoin, à ce point-ci de la pandémie, d’avoir des lieux extérieurs pour être bien, que ce soit pour se reposer ou être actifs», a souligné la conseillère en promotion de la santé à la Direction régionale de santé publique de Montréal, Anne Pelletier.
Or, les VAS ont surtout pris forme dans les quartiers centraux de la métropole l’an dernier, ce qui soulève des enjeux de santé publique.
«On n’a pas tous la capacité égale de gérer notre santé mentale à l’extérieur, par manque d’espace. Donc, le besoin d’avoir des espaces publics dans des endroits moins peuplés et moins favorisés économiquement sera à regarder», estime Mme Pelletier.
Il s’agit toutefois d’un enjeu qui dépasse le contexte de la pandémie et qui doit s’inscrire dans une planification de l’aménagement du territoire de la métropole à plus long terme, selon cette experte.
«L’équité territoriale, c’est un grand enjeu. Il faudra qu’on regarde ça de plus près quand on va pouvoir se poser et qu’on sera moins en mode réactif», a-t-elle conclu.