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SPVM: création d’une nouvelle équipe pour lutter contre le trafic d’armes

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Le directeur du SPVM, Sylvain Caron Photo: Josie Desmarais/Métro

Alors que le nombre de fusillades a connu une hausse dans les derniers mois dans plusieurs quartiers de la métropole, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) mettra en place prochainement une équipe de 20 policiers qui s’attaqueront à la distribution et à l’approvisionnement d’armes à feu sur l’île.

«Depuis juin, il y a eu une hausse  atypique [des événements impliquant des armes à feu], qui s’est poursuivie malheureusement», a évoqué le directeur du SPVM, Sylvain Caron, en conférence de presse à l’hôtel de ville, jeudi avant-midi.

L’équipe dédiée à la lutte contre le trafic d’armes (ELTA), qui devrait entrer en fonction à la fin du mois de janvier, viendra notamment compléter le travail de l’escouade Quiétude, qui lutte déjà depuis un an contre la prolifération des armes à feu illégales dans la métropole.

«Ce qu’on veut, c’est s’attaquer au réseau de distribution et d’approvisionnement en armes à feu sur le territoire, en allant plus loin dans nos enquêtes», a indiqué M. Caron, pour justifier la création de cette nouvelle équipe.

Hausse des fusillades

Dans les derniers mois, plusieurs fusillades ont eu lieu dans différents secteurs de Montréal, incluant le Vieux-Montréal, Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles et Montréal-Nord. Le SPVM a d’ailleurs augmenté dans les derniers mois sa présence  dans ces secteurs, tout comme dans Saint-Léonard et Ahuntsic, entre autres. Des policiers s’y promènent à pied, à vélo et font du porte-à-porte.

Présente à cette conférence de presse, la mairesse de Rivières-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles et nouvelle responsable de la sécurité publique au comité exécutif, Caroline Bourgeois, a d’ailleurs indiqué avoir reçu un nombre «énorme» de familles qui ont «des inquiétudes légitimes» reliées au trafic d’armes près de chez elles.

«Nous devons être en mesure de rassurer les gens qui sont inquiets par les incidents violents qui ont fait la manchette», a pour sa part déclaré la mairesse de Montréal, Valérie Plante, qui souhaite «renverser la tendance actuelle».

En bonifiant ses efforts d’enquête sur le trafic d’armes à feu, le SPVM espère donc prévenir d’autres fusillades et augmenter «le sentiment de sécurité» dans la population, a indiqué M. Caron.

«[Cette équipe d’enquête] va nous permettre d’arrêter les trafiquants, qui permettent à des gens d’utiliser des armes à feu à toute heure du jour, près des écoles et dans des quartiers résidentiels où ça rend les citoyens [craintifs]», a expliqué le directeur du SPVM.

Le trafic d’armes étant un enjeu qui dépasse les frontières de l’île de Montréal, cette nouvelle équipe pourrait être appelée à travailler avec d’autres corps de police, comme la Sûreté du Québec et la Gendarmerie royale du Canada, a d’ailleurs précisé M. Caron.

Dans les derniers mois, l’escouade Quiétude a procédé à 103 arrestations et à 83 perquisitions pour un total de 44 armes à feu saisies. Celles-ci étaient en bonne partie illégales, a indiqué le SPVM jeudi.

«Ça va permettre de redonner confiance aux Montréalaises et aux Montréalais qui ont vu leur quartier être a cible de tentatives de meurtre, de vols à main armée ou de coups de feu.» -Caroline Bourgeois, responsable de la sécurité publique au comité exécutif

3 M$ par année

Cette nouvelle équipe permanente bénéficiera d’un financement annuel d’environ 3 M$, que le SPVM tirera à même son budget existant. Le corps de police ne compte donc pas embaucher de nouveaux policiers pour répondre aux besoins de cette équipe. Le corps de police compte plutôt miser sur des «postes vacants» dans différentes unités pour combler cette équipe.

«On est évidemment content de voir que le SPVM prend la situation du trafic d’armes au sérieux», a réagi à Métro le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez. L’élu de l’opposition officielle à l’hôtel de ville aurait toutefois souhaité que cette annonce survienne «plus tôt», alors que le nombre de fusillades est en hausse depuis cet été.

À terme, cette équipe devrait compter 40 policiers. L’annonce ne précise toutefois pas d’échéance pour l’atteinte de ce nombre.

Profilage racial

La création de cette nouvelle équipe et le désir de la Ville de continuer d’assurer une forte présence policière dans plusieurs quartiers, a fait vivement réagir Jessica Quijano, qui est membre de la Coalition pour le définancement de la police.

«Quand il y a plus de policiers, ça augmente la violence», affirme Mme Quijano, en entrevue à Métro. Cette dernière craint d’ailleurs que cette nouvelle équipe d’enquête se retrouve elle aussi montrée du doigt pour profilage racial, comme cela a été le cas avec l’escouade Quiétude, selon une étude.

«Le sentiment de sécurité, je me demande c’est pour qui. Ce n’est certainement pas pour les personnes noires ou autochtones», lance la militante.

Questionnée par Métro, Caroline Bourgeois a souhaité faire une distinction entre le travail d’enquête du SPVM et l’approche communautaire que le corps de police souhaite développer pour ses interventions sur le terrain.

«On doit agir sur deux volets. Donc assurément, il y a le volet de prévention, de police communautaire, de travailler avec des intervenants sociaux pour vraiment créer ce lien de confiance. Tout ça est extrêmement important. Mais ça n’empêche pas qu’on puisse consolider les services d’enquête pour qu’on puisse travailler sur les têtes de réseaux [du crime organisé], qui font que dans certains quartiers, on retrouve des jeunes de 17 ou 18 ans avec des armes dans leurs mains», a déclaré l’élue de Projet Montréal. 

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