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Le paradoxe de la précarité des travailleurs communautaires

Le sous-financement du secteur communautaire a déjà été dénoncé par des organismes. Photo: Archives Métro

Alors que leur mission première est de lutter contre la pauvreté, la plupart des travailleurs communautaires vivent dans la précarité. Une récente étude d’un groupe de recherche interuniversitaire soulève ce paradoxe et met en lumière les difficultés que vivent les employés de ce secteur dont les services sont pourtant essentiels à bien des citoyens.

«Malgré la mise en place en 2001 d’une politique gouvernementale reconnaissant l’action communautaire comme étant essentielle au développement social du Québec, les organismes communautaires souffrent d’un sous-financement», dit l’étude du Groupe de recherche interuniversitaire et interdisciplinaire sur l’emploi, la pauvreté et la protection sociale (GIREPS) parue cette semaine.

Elle précise que le salaire moyen s’y situe bien en dessous des 20$ de l’heure, alors qu’il s’élève à plus de 26,50$ de l’heure dans tous les autres secteurs d’emplois confondus. Seuls 40% des organismes communautaires offrent des régimes d’assurances collectives privées complémentaires et à peine moins du quart d’entre eux offrent un régime de retraite collectif avec contribution de l’employeur.

«Cette précarité pousse beaucoup de travailleurs à quitter, à contrecœur, mais ils n’ont pas d’autre choix pour leurs finances», explique Mylène Fauvel, l’une des chercheuses de l’étude du GIREPS. En découle un important roulement de personnel et parfois une baisse de l’expertise sur le terrain, au détriment des missions visées par les organismes.

Des travailleurs essoufflés

Faute de financements gouvernementaux, la plupart des organismes communautaires dépendent de bailleurs de fonds pour payer leurs employés et réaliser leur mission. Ces subventions sont cependant assez aléatoires et de nombreux travailleurs doivent jongler entre leurs tâches quotidiennes, la recherche de financement et l’insécurité de leur emploi.

«Nombreux sont ceux qui cumulent plusieurs emplois à temps partiel et cela ne suffit pas toujours. Physiquement comme moralement, c’est épuisant !», dit Camélia Zaki, coordonnatrice du projet 200 portes HM à la Table de quartier Hochelaga-Maisonneuve.

«On a une expertise et un rôle indéniable dans la société, et pourtant on perçoit nos conditions de travail comme un réel manque de reconnaissance», ajoute Chloé Duchastel-Vassaramva, intervenante Copains-Copines au Carrefour Parenfants.

«Beaucoup d’organismes n’atteignent pas le 15$ de l’heure.» – Mylène Fauvel, étudiante au doctorat de sociologie à l’UdeM et coordonnatrice au Gireps

Des «arrangements» pour rester

«De nombreux travailleurs sont conscients de leur précarité, mais dans un même souffle disent qu’ils font le plus beau métier du monde, observe Mylène Fauvel. C’est ce qui leur donne envie de rester malgré tout: ils sont attachés aux valeurs communautaires et ils se sentent utiles.»

Elle ajoute que la flexibilité des horaires, très répandue dans le milieu, est aussi un élément incitant les travailleurs à rester.

Si ces arrangements rendent la condition des travailleurs communautaires plus acceptable, ils ne répondent cependant pas au besoin de considération criant du milieu.

«Le gouvernement doit se pencher sur le financement de tous les organismes. Ces gens-là font un travail exceptionnel, investir là-dedans c’est investir dans la société», dit Camélia Zaki.

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