Des allégations «très troublantes». Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, insiste pour que la lumière soit faite sur les propos et les frasques racistes qu’aurait entretenus en classe un professeur de Montréal-Nord.
«Je vais me garder de porter un jugement direct, mais s’il fallait que les propos allégués soient exactement ceux qu’on rapporte, ce serait extrêmement grave», a souligné vendredi l’élu de la Coalition avenir Québec (CAQ), en marge d’une annonce sur la réussite scolaire.
«De notre côté, on trouve que c’est une situation qui est préoccupante.» – Jean-François Roberge, ministre québécois de l’Éducation
Mercredi, Métro rapportait les témoignages de sept anciens élèves de Vincent Ouellette, cet enseignant blanc dénoncé récemment pour avoir prononcé le controversé «mot en N» – en anglais comme en français – lors d’un cours sur une plateforme virtuelle.
Selon les ex-élèves de M. Ouellette, le principal intéressé n’en est pas à ses premières frasques. L’enseignant d’histoire, mis sous enquête depuis, aurait notamment utilisé le salut nazi en classe à plusieurs reprises. Il aurait aussi déploré la composition «de moins en moins» blanche de ses groupes.
L’école où il enseigne, Henri-Bourassa, se situe dans l’un des quartiers les plus multiculturels de Montréal, Montréal-Nord.
Impunité?
Selon les élèves consultés par Métro, le professeur aurait obtenu à travers les années certains passe-droits de la direction de l’école. Interrogé cette semaine, l’actuel directeur, Sébastien Tremblay, a décliné de nous fournir une réaction, en raison d’une enquête interne lancée par le Centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île.
Le ministre de l’Éducation préfère attendre les conclusions de l’enquête avant de se positionner officiellement sur l’avenir du professeur, actuellement suspendu. Il souhaite toutefois «rassurer les gens».
«De manière générale, le système scolaire est d’une grande écoute par rapport aux plaintes formulées par les élèves et les parents, a avancé M. Roberge. Ceci dit, on va voir ce qui s’est passé.»
«C’est sûr que les classes doivent être des lieux empreints de respect. Les élèves doivent être dans un lieu qui est bienveillant.» – Jean-François Roberge
La saga du mot en N
L’appel au mot en N en milieu éducatif fait débat au Québec et au Canada depuis qu’une professeure de l’Université d’Ottawa, Verushka Lieutenant-Duval, l’a utilisé en classe, début-octobre, menant subséquemment à sa suspension.
Dans les semaines suivantes, sur les réseaux sociaux, plusieurs étudiants de l’établissement avaient attaqué les propos de Mme Lieutenant-Duval, ainsi que sa personne.
À la mi-octobre, le premier ministre François Legault avait défendu l’utilisation de termes controversés dans certains contextes. L’enseignement à l’université et le débat informé en étaient. Or, il ne s’était pas prononcé spécifiquement sur les niveaux secondaire et primaire.
«Je ne pense pas qu’il devrait y avoir des mots qui soient interdits. […] Là, c’est comme si on avait une espèce de police de la censure», avait souligné le chef de la CAQ.
– En collaboration avec Olivier Faucher