Un comité d’experts mandaté cet été pour dénicher des moyens d’aider les commerces de Montréal à passer au travers de la pandémie recommande la mise en place d’aménagements hivernaux sur les artères de la métropole afin de les embellir et d’y faciliter les déplacements des piétons.
Le directeur général de Vivre en Ville, Christian Savard, et la directrice générale de l’Association des sociétés de développement commercial de Montréal, Caroline Tessier, publieront ce mardi un rapport sur l’avenir du commerce et de l’urbanisme à Montréal. Celui-ci fait suite à un mandat accordé au duo plus tôt cet été par la mairesse Valérie Plante en vue de la relance économique de la métropole.
«On sait que le commerce souffre. On s’est demandé, à la lumière des événements des derniers mois, quelles orientations on devrait prendre [pour les aider]», explique M. Savard, en entrevue à Métro.
S’inspirer des VAS
Le rapport de 28 pages, dont Métro a obtenu copie, propose de revoir l’aménagement des artères commerciales, notamment en misant sur des mesures d’apaisement de la circulation. La Ville pourrait par exemple retirer des voies de circulation et «réduire l’espace alloué au stationnement» sur certaines artères commerciales afin de donner plus de place aux piétons sur les trottoirs et la chaussée.
Le comité demande d’ailleurs à la Ville de s’inspirer des voies actives et sécuritaires (VAS) mises en place cet été pour faciliter le respect de la distanciation physique dans l’espace public. Ces voies piétonnes et cyclables temporaires ont été accueillies positivement par une vaste majorité de Montréalais, selon un récent sondage. Plusieurs commerçants les ont toutefois critiquées.
«Il faut continuer dans cette voie pour les prochains mois», estime le comité d’experts, alors que la Ville procède depuis le début de l’automne au démantèlement progressif des VAS. Le rapport propose, entre autres solutions, de créer des «placette hivernales sur les saillies de trottoir». Des corridors sanitaires pourraient aussi faire leur retour pour élargir la place accordée aux piétons sur certaines artères commerciales achalandées, estime M. Savard.
«Il va y avoir des files d’attente dans certains commerces montréalais […]. Peut-être qu’il faudra penser à l’espace qu’on doit offrir aux piétons», ajoute l’expert, qui ne s’oppose pas à l’idée d’aménager une rue piétonne hivernale. «Pourquoi pas?» laisse-t-il tomber.
«Il y a définitivement des choses à faire pour l’hiver, notamment pour aider les commerçants, mais aussi pour mettre de l’ambiance, rendre ça moins gris.» -Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville
Déneigement
Évidemment, les aménagements que mettra en place la Ville devront tenir compte du contexte hivernal, alors que Montréal reçoit chaque année, en moyenne, 210 cm de neige pendant la saison froide. Un défi sur lequel travaille la Ville, a assuré Mme Plante.
«C’est sûr qu’on réfléchit aussi sur comment permettre la distanciation et profiter de la ville et de l’hiver, un peu comme on l’avait fait, cette réflexion-là, pour l’été. Mais bien sûr, cette fois, c’est complètement autre chose parce que température et neige obligent, on doit s’adapter. Mais on y penche. On pourra vous partager ça dans les prochaines semaines», a affirmé la mairesse le 9 octobre, en marge d’une conférence de presse à l’hôtel de ville.
Le comité demande par ailleurs à l’administration de Valérie Plante de s’assurer de bien déneiger les artères commerciales, notamment leurs espaces de stationnement et leurs trottoirs. Le tout afin de faciliter l’accès à celles-ci aux Montréalais, qu’ils privilégient la marche, la bicyclette ou la voiture.
«Il faut vraiment envoyer le message que nos artères commerciales sont accessibles pendant le temps des fêtes», martèle Caroline Tessier.
Les commerces du centre-ville
Le rapport presse aussi Québec et Ottawa d’offrir plus d’aide financière aux commerces. Il recommande en outre d’adapter ces programmes de soutien «à la situation spécifique des commerces du centre-ville».
«On parle de loyers qui sont 10 fois plus élevés au centre-ville qu’ailleurs dans la métropole», illustre Mme Tessier, qui estime donc que les commerces de ce secteur devraient bénéficier d’un soutien accru.