Montréal

Sainte-Catherine Ouest: les plus grands consommateurs sont les automobilistes

Sainte-Catherine Ouest

Le réaménagement de la rue Sainte-Catherine Ouest au profit des piétons cet été a divisé les commerçants du secteur.

Les automobilistes ont été les consommateurs les plus importants cet été sur la rue Sainte-Catherine Ouest, selon les résultats de deux sondages fournis à Métro.

Afin de faciliter le respect de la distanciation physique sur l’artère commerciale dans le contexte de la crise sanitaire, celle-ci a fait l’objet d’un réaménagement temporaire cet été, entre la rue Metcalfe et l’avenue Atwater.

Ainsi, à partir de la mi-juin, ce tronçon d’environ 1,6 km, où se concentre un grand nombre de commerces, a été réservé aux piétons chaque fin de semaine jusqu’à la mi-septembre. Le reste de la semaine, un corridor sanitaire venait élargir le trottoir du côté nord de l’artère pour laisser davantage d’espace aux piétons, tout en permettant aux automobilistes de conserver une voie de circulation. Des activités culturelles et des terrasses publiques ont agrémenté le tout.

Plus d’automobilistes

Afin de faire le bilan de ces aménagements estivaux, la Société de développement commercial (SDC) Montréal centre-ville a mené un sondage auprès de 504 personnes sur la rue Sainte-Catherine Ouest du 26 août au 4 septembre.

Avant la pandémie, une majorité de personnes se rendaient sur l’artère en transport en commun. Ce nombre a chuté à 30% parmi les répondants. Par ailleurs, seulement 7% des personnes sondées ont utilisé un vélo pour atteindre l’artère commerciale.

À l’opposé, «l’utilisation de la voiture a quand même augmenté», soulève à Métro le directeur général de la SDC Montréal centre-ville, Émile Roux, qui évalue à 30% le nombre de personnes qui ont opté pour l’automobile pour se rendre dans ce secteur cet été.

Globalement, plus de 80% des répondants optant pour le transport collectif, la marche ou le vélo ont apprécié leur visite sur l’artère commerciale.

«Ces résultats témoignent d’une mobilisation exemplaire de l’ensemble de nos partenaires, et de la priorité partagée de faciliter la mobilité près des commerces du centre-ville», affirme à Métro une attachée de presse du cabinet de la mairesse Valérie Plante, Catherine Cadotte.

Ce pourcentage descend toutefois à 68% auprès des automobilistes, qui ont pointé du doigt la «circulation difficile» et la présence de nombreux travaux au centre-ville.

«On se rend compte que malgré ce qu’on a fait au niveau de l’animation cet été, qui a bien fonctionné, […] la Ville n’a pu avoir une gestion des chantiers qui aurait calmé la grogne [des automobilistes]», souligne le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc.

Des achats plus importants

Le sondage constate d’ailleurs que les personnes qui ont utilisé une voiture pour se rendre sur l’artère réaménagée ont dépensé en moyenne 141$ pendant leur visite. C’est presque deux fois plus que ceux qui ont opté pour le transport en commun (73$) ou la marche (77$). C’est plus de trois fois le montant dépensé en moyenne par les cyclistes (46$).

«On entend beaucoup dire que les gens en vélo consomment aussi. C’est vrai, mais c’est nettement moins [que les automobilistes].»-Michel Leblanc, président de la CCMM

Par ailleurs, en ce qui a trait aux Montréalais dont le but premier est d’aller magasiner sur l’artère, «ce sont deux personnes sur trois pratiquement qui viennent en voiture», souligne M. Roux. Face à ce constat, ce dernier a d’ailleurs décidé de devancer le retrait des corridors sanitaires qui étaient toujours en place sur la rue Sainte-Catherine Ouest. Leur démantèlement a été complété la semaine dernière.

Des commerçants divisés

Un autre sondage, mené auprès de 100 commerçants de la rue Sainte-Catherine Ouest à la fin août, montre qu’à peine plus de la moitié d’entre eux (55%) ont apprécié son réaménagement temporaire au profit des piétons.

«On sent vraiment une polarisation au niveau des aménagements», constate Émile Roux. Un peu plus de la moitié des commerçants sondés ont d’ailleurs dit souhaiter «une plus grande accessibilité de la rue aux automobilistes, que ce soit par une plus grande facilité de stationner ou de circuler», indique le sondage.

En ce sens, la Ville a notamment conclu cet été un partenariat avec le Complexe Desjardins et le Palais des congrès afin d’offrir près de 1 500 places de stationnement à prix réduit. L’Agence de mobilité durable a aussi créé une application visant à maximiser l’utilisation des places de stationnement disponibles au centre-ville.

«On avait demandé que les places de stationnement sur rue au centre-ville soient gratuites la fin de semaine et les soirs de semaine [cet été]», rappelle toutefois M. Leblanc, qui déplore «l’occasion manquée» par la Ville, qui n’a pas donné suite à cette demande.

Quant aux d’affaires, 80% des commerçants sondés ont vu celui-ci diminuer cet été. Une situation notamment attribuable à la chute des touristes et au télétravail, qui a vidé les tours à bureaux du centre-ville, note M. Roux.

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