Le SPVM peu sévère envers les consommateurs de cannabis
Le nombre de constats d’infraction remis par les policiers de la métropole à des citoyens pour avoir consommé du cannabis dans un lieu public extérieur se compte sur les doigts de deux mains.
Depuis près d’un an, une loi provinciale proscrit de fumer du cannabis dans les parcs, sur les trottoirs et dans les autres lieux publics extérieurs. À Montréal, cette interdiction est toutefois peu appliquée par les policiers.
Selon les données obtenues par Métro auprès de la cour municipale, seulement sept constats d’infraction ont été donnés par les policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).
Le SPVM explique ces chiffres en affirmant que les policiers préconisent encore la sensibilisation.
«Quand on change drastiquement les lois, les policiers y vont par gradation. C’est une approche discrétionnaire qui est privilégiée en disant aux gens qu’ils ne peuvent pas consommer dans la rue [par exemple]», explique le chef du PDQ 42, Alain Cardinal.
Cette approche ne serait que temporaire. «Avec le temps, ce qui est mis en place comme règlement, on va l’appliquer de plus en plus. Vous devriez voir une augmentation du nombre de dénonciations, j’en suis persuadé», ajoute M. Cardinal.
Ce dernier ne précise pas à quel moment le SPVM deviendra plus sévère, mais souligne que la priorité accordée aux mesures sanitaires perturbe l’application de ce règlement.
Cannabis: la Ville veut une approche «harmonieuse»
Le cabinet de la mairesse Valérie Plante affirme pour sa part que la loi est «appliquée» par le SPVM. Elle souhaite toutefois mettre en place d’autres initiatives pour la faire respecter.
«La Ville de Montréal souhaite que la consommation de cannabis se fasse de façon civilisée et harmonieuse sur son territoire et dans une vision fondée sur une approche de santé publique et de réduction des méfaits», écrit l’attachée de presse Geneviève Jutras dans un texto Métro. Elle ajoute que la Ville compte soutenir les activités de sensibilisation et de prévention en sécurité urbaine.
L’opposition officielle dénonce toutefois le manque de clarté dans la tolérance des policiers.
«On veut que la ville prenne ses responsabilités et qu’elle se dote d’une politique globale pour donner l’heure juste, mentionne le membre d’Ensemble Montréal, Abdelhaq Sari, qui est aussi vice-président de la commission sur la sécurité publique. S’il y a de la tolérance, elle doit être connue par tout le monde.»
«Inapplicable», croit un expert
Le professeur spécialisé en toxicomanie Jean-Sébastien Fallu se dit «content» d’apprendre que si peu d’amendes ont été données pour punir les consommateurs de cannabis.
«Je suis de ceux qui craignent des effets pervers de cette interdiction. Je craignais qu’on voit des arrestations de gens démunis, dans la rue, qui n’ont pas d’endroit où consommer.»
M. Fallu pense que la population est généralement «très au courant» qu’il est interdit de fumer dans les lieux publics. En désaccord avec l’approche du gouvernement du Québec, il souhaite que la Ville et les policiers conservent une approche prônant tolérance et la sensibilisation.
«[L’interdiction de fumer dans les lieux publics] n’est pas applicable, ça ne répond pas à un problème et ça sert à conforter la population et l’électorat de la CAQ dans ses craintes infondées», pense-t-il.
Au moment de la mise en ligne, le ministère de la Santé et des Services Sociaux n’avait pas répondu aux questions de Métro.