Montréal

La CDPDJ «balaie sous le tapis» une enquête sur le racisme, craint une mère de famille

racisme Adrienne Charles

La mère monoparentale Adrienne Charles se bat depuis plusieurs années pour que ses enfants cessent de subir du racisme au sein de leur école primaire.

Une mère de famille lance un cri du coeur à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ), qui tente selon elle de «balayer sous le tapis» une enquête sur le racisme que subissent ses deux enfants depuis plus de trois ans dans une école de la Rive-Nord de Montréal.

Adrienne Charles, une mère monoparentale d’origine haïtienne, se bat depuis quatre ans pour tenter de mettre fin à la discrimination que vivent ses deux garçons au sein de l’école primaire anglophone primaire McCaig, de la Commission scolaire Sir Wilfrid Laurier. Dès 2016, ceux-ci auraient souffert de propos racistes, voire de gestes brusques, tant dans leur autobus scolaire que dans la cour de récré, notamment. Des actes qui se sont répétés dans les années suivantes dans cette école de Rosemère, témoigne Mme Charles.

«Ç’a été vraiment difficile et encore aujourd’hui, un enfant qui a vécu ça, ça le marque à vie. Ce n’est pas parce que tu as vécu [du racisme] en 2017 que c’est fini», témoigne à Métro la technologiste médicale, qui constate les répercussions de cette discrimination sur l’estime de soi et la motivation de ses enfants.

Une enquête de trois ans

En mai 2017, après avoir tenté d’obtenir des actions concrètes de la part de la commission scolaire pour prévenir de tels incidents, Adrienne Charles s’est tournée vers la CDPDJ, qui a alors entamé une enquête. Trois ans plus tard, celle-ci a livré le 22 juin les résultats de sa démarche dans un rapport dont Métro a obtenu copie.

Le document relate différents événements survenus entre 27 septembre 2016 et le 28 février 2017, alors que les deux garçons étaient âgés de 8 et de 11 ans. On y expose d’abord la position de la mère, qui affirme notamment que ses fils «craignent pour leur sécurité» après ces événements, parmi lesquels on note la fois où un des garçons a été frappé par deux élèves pour des motifs racistes, en janvier 2017. Ils auraient aussi «perdu tout sentiment d’appartenance à leur école».

«Mes enfants et moi-même en souffrons [du racisme] et je suis convaincue qu’on n’est pas les seuls.» -Adrienne Charles, mère de famille

Racisme

Le rapport laisse ensuite place aux témoignages de divers dirigeants de l’école primaire et de la commission scolaire, qui semblent voir dans ces incidents des événements isolés, la mère de famille étant selon eux «la seule à se plaindre». On souligne aussi que la commission scolaire a mis en place des politiques pour contrer l’intimidation. Or, dans sa politique sur le «respect et la diversité», élaborée en 2018, on ne retrouve à aucun moment les mots «racisme» ou «race».

«Ce qu’on réalise, c’est que la Commission des droits de la personne refuse de traiter le dossier sur la base du racisme systémique […] On dirait qu’on essaie de balayer tout ça sous le tapis», déplore Mme Charles. Cette dernière critique d’ailleurs le fait que la CDPDJ n’a pas voulu recueillir le témoignage de ses fils ni des témoins qui ont vu ceux-ci subir du racisme au cours des dernières années.

«Ce qu’on est en train de dire, c’est que l’enquête a mis de côté des faits très pertinents, qui pourraient changer la décision de la Commission. Parce que la manière dont le rapport a été écrit, la Commission risque de rejeter le dossier pour insuffisance de preuves», soulève pour sa part le directeur général du Centre de recherche-action sur les relations raciales, Fo Niemi, qui presse la CDPDJ de mandater un enquêteur externe pour se pencher sur ce dossier.

La mère de famille n’entend d’ailleurs pas baisser les bras, dans l’éventualité où la CDPDJ refuserait de porter ce dossier devant les tribunaux.

«C’est clair que je vais continuer mon combat […] Je ne peux pas continuer à voir mes enfants souffrir. C’est un combat que je vais poursuivre jusqu’au bout», assure la mère de famille.

Impartialité

Contactée par Métro, la CDPDJ s’est faite avare de commentaires.

«La Commission ne peut pas commenter un dossier en particulier, tant que ce dossier n’est pas public, c’est-à-dire tant qu’aucun recours n’a été déposé auprès d’un tribunal», indique la Commission par courriel. Celle-ci assure d’ailleurs qu’elle traite chaque plainte qu’elle reçoit «avec rigueur et impartialité».

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