Harcèlement: une femme dénonce des gestes sexuels d’un chauffeur de la STM
Une résidente de Laval a déposé une plainte à la Société de transport de Montréal (STM) après avoir été l’objet de gestes et de commentaires sexuels de la part d’un chauffeur d’autobus pendant qu’elle se rendait au travail, à Saint-Laurent.
«Pratiquement toutes les femmes ont vécu une histoire comme celle-ci. Mais elles sont découragées d’en parler parce que ce genre d’incident est banalisé», affirme Jessica Rosen.
Jeudi dernier, alors qu’elle conduisait sur le boulevard Thiemens, Mme Rosen a vu que le chauffeur d’autobus dans la voie adjacente lui envoyait la main. Croyant qu’il avait peut-être vu un problème avec son véhicule, elle l’a regardé. C’est alors qu’il a sorti sa tête par la fenêtre, en tirant sa langue entre ses doigts et lui disant de «venir ici» pour qu’il lui fasse «de mauvaises choses».
#sexualharassment is real. Stop fixating on why women don’t report things like and focus on why we allow men to behave this way @CTVMontreal thank you for reporting this. #EnoughIsEnough https://t.co/eBhLG8fhMh
— Jessica Faye (@gorjess_heart) July 25, 2020
«C’était très inapproprié, et déconcertant. Surtout quand tu sais qu’il transportait un bus plein de passagers», dit-elle.
«Ce n’est pas correct pour personne de se comporter comme ça… mais de le faire alors que tu travailles et que tu es censé assurer la sécurité de tes passagers? C’est inacceptable.»
Harcèlement
Quand la Lavalloise est arrivée à un feu rouge, elle a sorti son téléphone et s’est mise à enregistrer le chauffeur. Au début de la vidéo, l’homme fait semblant de saluer quelqu’un d’autre, mais après une vingtaine de secondes il recommence à se faire aller la langue en regardant Mme Rosen. Il poursuit sa route lorsque le feu de circulation vire au vert.
Plus tard, Mme Rosen a porté plainte à la STM, donnant le numéro de véhicule, l’heure et le lieu de l’incident à un agent. Elle lui a dit qu’elle ne souhaitait pas qu’il perde son emploi, mais qu’il soit tenu responsable de ses gestes. Elle souhaitait envoyer le message que ce genre de comportement est inacceptable.
L’agent de la STM lui a dit qu’il s’informerait de la situation, mais Mme Rosen n’a jamais reçu de rappel.
«Ils ont probablement cru que je n’étais qu’une femme quelconque qui exagérait», dit-elle.
«Ultimement, je veux juste être rassurée que quelque chose a été fait et qu’il n’a pas reçu une sanction bidon. Je veux que les gens se sentent en sécurité quand ils prennent le bus.»
«Les histoires comme la mienne doivent être rapportées, parce que les femmes minimisent constamment ce genre de situation. La plupart des femmes refusent de croire que ce qu’elles ont vécu peut être considéré comme du harcèlement parce que ce genre de comportement est trop normalisé.» – Jessica Rosen, résidente de Laval.
Dans une déclaration écrite, la STM indique que des mesures disciplinaires appropriées seront prises, mais que les détails ne seront pas dévoilés pour des raisons de confidentialité. La STM affirme aussi que ses chauffeurs reçoivent une formation sur le harcèlement et la diversité.
«Évidemment, nous condamnons ce genre de geste totalement inapproprié», lit-on dans la déclaration.
«Reviens-en»
Jessica Rosen n’est pas surprise de ne pas avoir de réponse de la STM. Mais rien ne l’a préparée pour le déluge de commentaires désobligeants dirigés contre elle lorsqu’elle a partagé son histoire sur les réseaux sociaux. Des commentaires comme «reviens-en», mais aussi des messages privés lui disant qu’elle exagérait l’affaire.
Mme Rosen affirme que certaines des réponses reçues l’amènent à remettre en question le fait de s’être exprimée publiquement.
«Les gens sont passés à côté du message. Ça m’a montré pourquoi, au juste, tant de femmes ont peur de raconter ce qu’elles vivent», dit-elle.
La femme souligne les commentaires qui déclarent qu’elle méritait ce qui lui est arrivé, ou qui avancent que son expérience ne valait pas la peine d’être mentionnée puisque tant de femmes gardent pour elles les microagressions qu’elles subissent.
«Au lieu de se demander pourquoi les femmes ne rapportent pas ce genre d’événement, on devrait se demander pourquoi on laisse les hommes agresser et harceler constamment les femmes», dit-elle.
L’incident survient alors qu’une nouvelle vague d’allégations d’inconduites sexuelles déferle sur le Québec, déclenchant un scandale qui réverbère encore sur les principaux réseaux sociaux.
Le 19 juillet, plus de 1000 personnes ont manifesté devant le palais de justice de Montréal pour réclamer plus d’actions contre la violence sexuelle et pour appuyer les victimes d’agressions sexuelles. La manifestation est survenue après une série de dénonciations qui ont lancé un débat à travers le Québec sur les abus, le harcèlement et les agressions. Le débat se poursuit encore.