Port du masque à géométrie variable parmi les employés de restaurants
L’adhésion au port du masque par les employés des restaurants de Montréal varie grandement d’un établissement à l’autre, a constaté Métro en parcourant plusieurs d’entre eux. La majorité des travailleurs semblent toutefois avoir adopté le couvre-visage.
Pour réaliser ce reportage, 11 journalistes de Métro Média ont parcouru des artères commerciales d’autant d’arrondissements afin de faire état du port du couvre-visage par les employés de 22 restaurants de la métropole.
Rappelons que les employés de commerces, dont les restaurants, doivent porter le masque si leurs tâches les forcent à être à moins de deux mètres d’une autre personne. Cette règle est antérieure à l’obligation de porter un visage dans les lieux publics fermés, qui entre en vigueur samedi.
Situation variable
En compilant ces informations, on constate que la majorité des établissements font un effort, même si le masque n’est pas toujours porté de la façon prescrite. Ça ne semble toutefois pas être le cas dans d’autres restaurants visités. Dans un casse-croûte de Lachine, par exemple, aucun des six employés visibles lors du passage de Métro le 9 juillet, sur l’heure du midi, ne portait un masque.
Dans plusieurs établissements, des travailleurs ne portaient pas le masque de façon appropriée. C’est notamment le cas d’un café situé sur l’avenue du Parc, dans Ahuntsic-Cartierville. Sur les quatre employés visibles au moment de notre passage sur l’heure du lunch, trois portaient un couvre-visage sans que celui-ci ne couvre leur bouche, tandis que l’autre n’en avait pas du tout.
Une adhésion insuffisante
Da façon globale, environ 62% des employés des 22 restaurants ciblés portaient un masque bien ajusté sur leur visage au moment du passage de Métro. C’est-à-dire que le masque couvrait à la fois le nez et la bouche. Mais ce taux est insuffisant, estime la professeure Roxane Borgès Da Silva, qui enseigne à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.
«Les infirmières portent toutes le masque, donc il n’y a pas de raisons pour que les employés [des restaurants] ne le portent pas», estime l’experte, qui soulève le risque que des travailleurs asymptomatiques propagent le coronavirus sans s’en rendre compte.
Le professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal, Benoit Barbeau, voit pour sa part ce taux d’adhésion comme «un bon début». Il constate ainsi que «le message semble bien passer» auprès des propriétaires de restaurants concernant le port du masque par leurs employés.
Il presse toutefois les propriétaires qui tardent à inciter leurs employés à porter un couvre-visage à agir en ce sens, alors que Québec s’apprête à rendre le port du couvre-visage obligatoire dans tous les lieux publics fermés de la province ce samedi.
«Si on entend continuellement le gouvernement nous dire de porter le masque, je pense que les propriétaires doivent comprendre qu’ils pourraient se retrouver à perdre des clients [si leurs employés ne portent pas le masque]», prévient M. Barbeau.
«Si j’étais propriétaire d’un restaurant, j’aurais tout intérêt à respecter les mesures sanitaires.» -Benoit Barbeau, professeur au département des sciences biologiques de l’UQAM
Pas pour tous les employés
La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a établi un guide des mesures sanitaires à prendre dans les restaurants de la province. Ceux-ci doivent notamment désinfecter plus souvent les tables, les chaises et les menus. Ils doivent aussi espacer les tables pour faciliter le respect de la règle du deux mètres entre les clients ne vivant pas sous un même toit.
Concernant le port du masque, l’employé doit porter celui-ci – en plus d’une protection oculaire –seulement s’il ne peut pas respecter la distanciation physique avec les clients ou s’il n’est pas protégé par une vitre protectrice, comme c’est souvent le cas à la caisse, par exemple. Les serveurs qui offrent du service aux tables doivent donc porter un masque. L’employeur est d’ailleurs dans l’obligation de pouvoir en fournir à ses employés en quantité suffisante.
«Ce n’est pas vrai que 100% des employés des restaurants doivent porter le masque», martèle le vice-président aux affaires fédérales et au Québec pour Restaurants Canada, David Lefebvre. Ce dernier craint d’ailleurs que les propriétaires de restaurants se retrouvent dans une situation complexe après le 18 juillet, alors qu’ils devront à la fois superviser le port du masque par leurs employés et leurs clients, sous peine d’écoper d’amendes salées.
«C’est inacceptable que les responsables d’appliquer l’obligation pour les clients de porter le masque soient les propriétaires des commerces. […] C’est comme rendre un propriétaire responsable d’un vol à l’étalage», laisse-t-il tomber.
En collaboration avec l’équipe de rédaction, Métro Média
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