Le Réseau de transport de Longueuil (RTL) n’aura d’autre choix que de réduire son offre de service de 15% et de procéder à des mises à pied en septembre afin de compenser les pertes financières engendrées par la pandémie du coronavirus.
À l’instar des autres sociétés de transport du Grand Montréal, le RTL, qui dessert la Rive-Sud, a connu une chute de son achalandage de 70 à 80% dans les derniers mois en raison de la pandémie. À cela s’ajoutent des dépenses sanitaires importantes. La société de transport a notamment distribué des milliers de masques à ses usagers et à ses employés, mis en place du marquage au sol pour faciliter le respect de la règle du deux mètres dans les files d’attente et augmenté la fréquence de nettoyage des véhicules.
Depuis quelques semaines, le RTL procède aussi à la mise en place progressive de vitres protectrices aux postes des chauffeurs d’autobus en vue de permettre de nouveau l’embarquement de clients par la porte avant des véhicules au cours des prochaines semaines.
«Les autobus roulent avec beaucoup moins de monde qu’à l’habitude. Donc, on s’attendait à ce qu’à un moment donné, on doive s’ajuster», souligne à Métro le directeur général du RTL, Michel Veilleux.
Accès au centre-ville
Afin de limiter les répercussions de la pandémie sur sa situation financière, le RTL a réduit son offre de service à la fin mars, avant de réajuster celle-ci à la hausse en juin en raison de la reprise économique. Afin de répondre aux attentes de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), le RTL devra toutefois réduire de nouveau son offre de service à la rentrée, en septembre. Les scénarios étudiés font état d’une baisse du service de 15% qui perdurera jusqu’en 2021 et affectera surtout les lignes reliant l’agglomération de Longueuil au centre-ville de Montréal.
«Un de nos marchés les plus forts, c’est le centre-ville de Montréal, et les clients ne sont pas au rendez-vous», explique M. Veilleux, qui s’attend à effectuer des compressions totalisant 10 M$, soit environ 8% du budget annuel du RTL.
Le mois dernier, le gouvernement Legault a débloqué une somme de 400 M$ pour les sociétés de transport de la province. Or, l’ARTM chiffre à 523 M$ les pertes des sociétés de transport du Grand Montréal pour l’année en cours. L’organisme a donc demandé aux sociétés de transport de la région de revoir leur offre de service à la baisse.
«Il reste du chemin à parcourir collectivement pour trouver des solutions à ce défi historique», indique un porte-parole de l’ARTM, Simon Charbonneau.
La Société de transport de Montréal n’entend toutefois pas réduire son offre de service au cours des prochains mois «afin de viser un niveau de charge acceptable à bord des bus dans le contexte de la pandémie», indique une porte-parole, Amélie Régis. Même son de cloche du côté de la Société de transport de Laval, qui fait état de «raisons de santé publique» pour maintenir son service tel quel.
«L’ARTM nous a demandé à tous de réduire nos cibles de service. Si on ne s’ajuste pas maintenant, on va le payer après.» -Michel Veilleux, directeur général du RTL
Mises à pied
Michel Veilleux a par ailleurs reconnu qu’«il risque d’y avoir des mises à pied» dans le cadre des compressions à venir. Il assure toutefois qu’il tentera de limiter les impacts de celles-ci, par exemple en demandant à la STM si elle ne veut pas recruter certains de ses chauffeurs. «Ce qu’on veut faire, c’est de limiter le plus que possible les impacts humains», assure le directeur général.
Le président du syndicat qui représente les quelque 750 chauffeurs de bus du RTL, Marc Gingras, prévient toutefois que ce plan de compressions pourrait causer des maux de tête à la société de transport si l’achalandage connait une remontée dans les prochains mois.
«Ce qu’on dit, c’est que c’est beau des mises à pied, mais si on a un retour de l’achalandage en septembre ou en octobre, ils vont avoir besoin de 20 ou 30 employés d’un coup», laisse tomber le leader syndical.
«On rajoutera du service au besoin», réplique M. Veilleux.